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N°171 – septembre 2020

Ce mois-ci

Le phénomène du mois : l’observation de la galaxie d’Andromède

Localisation de la galaxie d’Andromède, le 15 septembre 2020, à 22 h 00 en Temps légal français, depuis la latitude de Paris.
Localisation de la galaxie d’Andromède, le 15 septembre 2020, à 22 h 00 en Temps légal français, depuis la latitude de Paris. Crédits Stellarium

Le phénomène intéressant en ce mois de septembre est l’apparition de plus en plus tôt vers l’horizon est d’un objet extragalactique fascinant : M31, la galaxie d’Andromède.

Cet objet est typique du ciel automnal et sera bien visible jusqu’au mois de janvier. On commence à l’observer en deuxième partie de nuit au début du mois d’août, lors des nuits des étoiles par exemple, et il est déjà accessible au-dessus de l’horizon est en première partie de nuit à la mi-septembre.

Qui verra-t-on ?

M31 n’est pas n’importe quelle galaxie, et ce pour plusieurs raisons : c’est la galaxie spirale la plus proche de la Voie lactée, notre galaxie, et c’est aussi le membre le plus grand et le plus massif de l’amas de galaxies dans lequel nous nous trouvons. Rappelons que notre galaxie fait partie d’un petit amas local qui contient une soixantaine de galaxies, dont seulement 3 spirales, qui sont par ordre de taille et de masse décroissante : M31 (la galaxie d’Andromède), la Voie lactée et M33 (la galaxie du Triangle). Toutes les autres galaxies sont de petites galaxies irrégulières. L’ensemble de ces galaxies tient dans un cube de 10 millions d’années-lumière de côté. M31 est située à environ 2,5 millions d’années-lumière de notre galaxie et M33 à environ 2,8 millions d’années-lumière. M31 est une galaxie imposante : son diamètre est de l’ordre de 220 000 années-lumière et elle contiendrait 1 000 milliards d’étoiles. Rappelons que la Voie lactée mesure environ 120 000 années-lumière et contient entre 200 et 400 milliards d’étoiles. Quant à M33, elle contiendrait seulement 60 milliards d’étoiles et sa masse correspond à environ 5 % de celle de M31. M31 domine donc les débats question taille et masse dans notre amas local.

M31, la galaxie d’Andromède
M31, la galaxie d’Andromède. CC BY 4.0 E. Dusina

Que verra-t-on ?

M31 est un objet du ciel profond hors norme ; c’est en effet, et de loin, l’objet le plus lointain visible à l’œil nu. Il s’agit d’une galaxie qui contient tellement d’étoiles que, malgré la coquette distance de 2,5 millions d’années-lumière, sa magnitude atteint 3,4. Rappelons que sous un ciel parfait (en montagne par exemple), l’œil humain est capable de distinguer des étoiles de magnitude 6. D’autre part, elle couvre une zone de ciel de près de 3 degrés, soit 6 fois la taille de la pleine Lune !

Notons cependant que, s’il s’agit d’un objet grand, son éclat est assez dilué et apparaît donc « vaporeux », et peu contrasté. De ce fait, il est tout à fait impossible de voir M31 en ville, où la pollution lumineuse est trop forte, ou lors d’une période de pleine Lune. Il faudra donc disposer d’un ciel de campagne, sans Lune, pour optimiser ses chances de l’observer.

Pour la localiser dans le ciel, on repérera au préalable, en haut à gauche du carré de Pégase, la branche des 3 étoiles qui constituent la constellation d’Andromède, à savoir, en partant de l’est : γ qui porte le nom d’Almach, β, Mirach et α, Alpheratz. En partant de β, Mirach, on note en remontant vers le nord deux étoiles plus faibles ; il s’agit de μ et ν d’Andromède. M31 est située à un peu plus de 1° (deux fois le diamètre lunaire) au nord-ouest de ν Andromède.

À l’œil nu, avec un ciel moyen, la galaxie n’est pas évidente. Il faudra peut-être recourir à la vision décalée. Cette pratique de regarder « un peu à côté » de l’objet que l’on cherche permet de solliciter les bâtonnets disposés à la périphérie du fond de l’œil, bâtonnets qui sont bien plus sensibles que les cônes, sollicités en vision directe. Cette pratique permet de distinguer des objets plus faibles que si l’on regarde en vision directe. En utilisant cette méthode, on parvient à distinguer comme un petit haricot de lumière grise. Il s’agit non pas de la galaxie tout entière, mais seulement de son noyau central, zone de loin la plus brillante de la galaxie. Même s’il s’agit d’une très belle performance visuelle (voir une galaxie à plus de 2 millions d’années-lumière), on n’ira guère plus loin. Pour en voir plus, il faut s’équiper d’une paire de jumelles, idéalement 10 × 50 (grossissement de 10 fois et lentilles de 50 mm de diamètre). Ainsi équipé, l’observateur accède à une image passionnante, car cette optique, même modeste, permet d’appréhender la quasi-totalité de l’objet. On retrouve le centre qui prend la forme d’un microballon de rugby et on note que ce noyau baigne dans un grand halo très allongé et bien plus faible de lumière grise. Ce halo est constitué par les spirales, dont on ne perçoit pas la forme spiralée dans les jumelles, on distingue juste un voile très faible. Pour autant, il s’agit d’une très belle observation, car on accède à une image pas si éloignée des belles photos.

M31, la galaxie d’Andromède
M31, la galaxie d’Andromède. CC BY 2.0 A. Evans

On savourera cette image plus encore en intégrant le fait que les photons perçus par nos yeux ont parcouru 2,5 millions d’années-lumière, ce qui signifie aussi, car l’année-lumière est une unité de mesure de distance (et, par voie de conséquence, de temps), que lesdits photons sont partis de M31, il y a 2,5 millions d’années, alors que notre ancêtre Lucie se tenait debout dans la savane de la corne de l’Afrique…

Ce n’est donc pas la M31 d’aujourd’hui que nous observons, mais celle d’il y a 2,5 millions d’années. Quant à la M31 d’aujourd’hui, ce sont nos arrières arrières arrières… petits enfants qui pourront l’observer, dans 2,5 millions d’années…

L’équinoxe d’automne de 2020

Passage du Soleil dans la direction de l’équinoxe d’automne le 22 septembre 2020
Passage du Soleil dans la direction de l’équinoxe d’automne le 22 septembre 2020. Crédits P. Rocher

Par définition, l’instant de l’équinoxe d’automne dans l’hémisphère nord correspond au moment où la longitude géocentrique apparente du centre du Soleil est égale à 180°.

À cet instant, l’ascension droite n’est pas exactement égale à 12 h et la déclinaison du centre du Soleil n’est pas nulle, car la latitude apparente du centre du Soleil n’est pas nulle, mais ces deux dernières valeurs sont proches de zéro. La direction du centre du Soleil est alors très proche de la direction opposée au point gamma, intersection de l’écliptique et de l’équateur céleste. La définition de cette direction est donc unique sur la sphère céleste. Il ne faut pas confondre la direction de l’équinoxe d’automne qui est unique et le fait que le Soleil passe par cette direction. Ainsi, dans l’hémisphère nord, le début de l’automne correspond au passage du Soleil dans la direction de l’équinoxe d’automne, alors que ce même phénomène traduit le début du printemps dans l’hémisphère sud.

Notre calendrier (le calendrier grégorien) est construit de manière à éviter la dérive des dates des changements de saisons en conservant une date quasi fixe pour le début de chaque saison.

Les données pour 2020

La date de l’équinoxe d’automne est, en 2020, le mardi 22 septembre à 13 h 30 min 40,52 s UTC, soit à 15 h 30 min 40,52 s en Temps légal français (UTC + 2 h). À cet instant, la latitude géocentrique du centre du Soleil est de − 0,18″, son ascension droite est de 11 h 59 min 59,995 s et sa déclinaison est de − 0,16″. Comme on le constate, la déclinaison et la latitude sont très proches de zéro et l’ascension droite est très proche de 12 h. C’est pourquoi l’on dit souvent que le Soleil est dans la direction opposée au point gamma, ce qui est en partie exact dans la mesure où le diamètre apparent du Soleil est de l’ordre de trente minutes d’angle.

Néanmoins, pour un calcul à la seconde de temps près, le choix de la définition est important. En effet, la déclinaison du centre du Soleil est nulle à 13 h 30 min 30,62 s UTC et l’ascension droite du centre du Soleil est égale à 12 h à 13 h 30 min 42,44 s UTC.

Précisions sur les dates de l’équinoxe d’automne

Dans le calendrier grégorien, créé en 1582, l’équinoxe d’automne peut tomber le 21, 22, 23 ou 24 septembre. Il tombe en général le 22 ou le 23 septembre. Il tombera le 21 septembre en 2092 et ce sera la première fois depuis la création du calendrier grégorien. Cela se reproduira en 2096, puis en 2464, 2468, 2472, 2476, 2480, 2484, 2488, 2492, 2493, 2496 et 2497. Il est tombé un 24 septembre en 1803, 1807, 1903, 1907, 1911, 1915, 1919, 1923, 1927 et 1931, il tombera de nouveau à cette date en 2303. On trouvera dans un document suivant les dates des équinoxes sur la période allant de 1583 à 2999, ce document a été élaboré en 2008 avec des valeurs UTC extrapolées à partir de 2008, il peut donc y avoir de petits écarts avec les valeurs calculées chaque nouvelle année. Le jour de l’équinoxe, si l’on fait abstraction de la réfraction atmosphérique, la durée de la nuit est égale à la durée du jour et c’est également le jour où le Soleil se lève plein est et se couche plein ouest.

ciel du mois

Phénomènes astronomiques

Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension droite. Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.

2 septembre

7 h 22 min 05 s Pleine Lune.

8 h 27 min 13 s Solstice d’hiver sur la planète Mars.

22 h 54 min 44 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Neptune, différence de déclinaison : − 4° 11′, élongation solaire de Neptune : 171° O.

6 septembre

6 h 46 min 08 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Mars, différence de déclinaison : + 0° 2′, élongation solaire de la Lune : 136° O.

8 h 28 min 56 s La Lune à l’apogée, distance à la Terre : 405 606.802 km, diamètre apparent : 29.54′, longitude moyenne : 28.90°.

7 septembre

5 h 54 min 09 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Uranus, différence de déclinaison : − 3° 19′, élongation solaire d’Uranus : 125° O.

9 septembre

19 h 33 min 31 s Mars est stationnaire dans la constellation des Poissons, puis rétrograde.

10 septembre

11 h 25 min 44 s Dernier quartier de Lune.

11 septembre

2 h 51 min 22 s Neptune au périgée, distance à la Terre : 28.922 40 au, diamètre apparent : 2.3″.

22 h 25 min 43 s Neptune en opposition, diamètre apparent : 2.3″, distance à la Terre :28.922 au.

13 septembre

1 h 37 min 49 s Jupiter est stationnaire dans la constellation du Sagittaire, puis directe.

14 septembre

6 h 42 min 40 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Vénus, différence de déclinaison : + 4° 27′, élongation solaire de Vénus : 43° O.

17 septembre

13 h 00 min 13 s Nouvelle Lune.

18 septembre

15 h 48 min 01 s La Lune au périgée, distance à la Terre : 359 081.843 km, diamètre apparent : 33.36′ longitude moyenne : 191.92°.

23 h 52 min 35 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Mercure, différence de déclinaison : + 6° 26′, élongation solaire de la Lune : 21° E.

22 septembre

15 h 30 min 41 s Équinoxe d’automne.

24 septembre

3 h 54 min 52 s Premier quartier de Lune.

25 septembre

8 h 48 min 16 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Jupiter, différence de déclinaison : − 1° 36′, élongation solaire de la Lune : 105° E.

22 h 38 min 25 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Saturne, différence de déclinaison : − 2° 20′, élongation solaire de la Lune : 112° E.

29 septembre

3 h 39 min 09 s Saturne est stationnaire dans la constellation du Sagittaire, puis directe.

30 septembre

3 h 44 min 10 s Conjonction géocentrique en ascension droite entre la Lune et Neptune, différence de déclinaison : − 4° 12′, élongation solaire de la Lune : 159° E.

Visibilité de la Lune et des planètes

Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations les plus voisines. L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 septembre 2020 à 22 h 00 UT.

  • La Lune

    La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en approximativement 28 jours : c’est pourquoi l’on ne voit toujours que la même face de la Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre, la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au Soleil : le premier quartier, la pleine Lune, le dernier quartier et la nouvelle Lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les 29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.

    Phases de la Lune – invisible du matin du 16 septembre au soir du 18 septembre

    2Pleine Lune
    10Dernier quartier
    17Nouvelle Lune
    24Premier quartier
  • Mercure le 16 septembre 2020

    Mercure

    Mercure n’est pas visible durant le mois de septembre.

    Diamètre apparent 5,56″

    Magnitude − 0,11

  • Vénus le 16 septembre 2020

    Vénus

    Vénus est visible tout le mois en fin de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tard. Elle se trouve dans la constellation des Gémeaux jusqu’au 4 septembre, date à laquelle elle entre dans la constellation du Cancer, qu’elle quitte le 22 septembre pour entrer dans la constellation du Lion.

    Diamètre apparent 17,27″

    Magnitude − 4,13

  • Mars le 16 septembre 2020

    Mars

    Mars est visible tout le mois une grande partie de la première partie de nuit, en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt. Elle se trouve tout le mois dans la constellation des Poissons.

    Diamètre apparent 21,07″

    Magnitude − 2,20

  • Jupiter le 16 septembre 2020

    Jupiter

    Jupiter est visible tout le mois le soir au crépuscule, en première partie de nuit et en début de seconde partie de nuit. À partir du 14 septembre, elle se couche avant minuit vrai. Au cours du mois, elle se couche de plus en plus tôt. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Sagittaire.

    Diamètre apparent 42,40″

    Magnitude − 2,51

  • Saturne le 16 septembre 2020

    Saturne

    Saturne est visible tout le mois le soir au crépuscule, en première partie de nuit et en début de seconde partie de nuit. À partir du 25 septembre, elle se couche avant minuit vrai. Au cours du mois, elle se couche de plus en plus tôt. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Sagittaire.

    Diamètre apparent 17,54″

    Magnitude 0,40

  • Uranus le 16 septembre 2020

    Uranus

    Uranus est visible tout le mois une très grande partie de la nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Bélier.

    Diamètre apparent 3,67″

    Magnitude 5,70

  • Neptune le 16 septembre 2020

    Neptune

    Neptune est visible tout le mois une grande partie de la nuit. À partir du 10 septembre, date de son lever achronique du soir, elle se lève avant le coucher du Soleil. À partir du 12 septembre, date de son coucher achronique du matin, elle se couche avant le lever du Soleil. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Verseau.

    Diamètre apparent 2,32″

    Magnitude 7,82

  • Portail des formulaires de calculs de l’IMCCE

    N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.

Cartes du ciel

Ces cartes du ciel montrent les étoiles brillantes et les planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 septembre 2020.

Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français

Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord, au 15 septembre 2020
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord. Crédits Stellarium (cartes du ciel)/IMCCE (légendes)

Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français

Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud, au 15 septembre 2020
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud. Crédits Stellarium (cartes du ciel)/IMCCE (légendes)

Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local aux Makes, La Réunion

Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord, au 15 septembre 2020
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord. Crédits Stellarium (cartes du ciel)/IMCCE (légendes)

Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local aux Makes, La Réunion

Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud, au 15 septembre 2020
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud. Crédits Stellarium (cartes du ciel)/IMCCE (légendes)

Vue dans le plan de l’écliptique

Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en début de nuit selon leur élongation et leur magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 septembre 2020.

Position des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 septembre 2020
Position des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 septembre 2020. Crédits Stellarium (cartes du ciel)/IMCCE (légendes)

culture astronomique

La Connaissance des temps : un journal scientifique publié depuis 1679, épisode VII

Frontispice de la Connaissance des temps pour l’année 1731
Frontispice de la Connaissance des temps pour l’année 1731. Crédits Observatoire de Paris

La Connaissance des temps (CDT) publie depuis 1679 les éphémérides des corps célestes, ainsi que diverses tables et données à destination des astronomes et des curieux de l’astronomie.

Lire le septième épisode : « Le problème de la longitude »

Dans cette lettre d’information, nous continuons d’explorer l’histoire scientifique de cet ouvrage et de voir son évolution au cours des trois derniers siècles. La CDT a‑t‑elle beaucoup changé ? A‑t‑elle été influencée par les événements politiques ? A‑t‑elle participé à l’essor des sciences en général et de l’astronomie en particulier ? Nous allons tenter de répondre à ces questions par une lecture attentive des 342 volumes de la CDT publiés à ce jour. Vous trouverez dans les textes que nous proposons des liens vers les pages de la Connaissance des temps que nous citons pour vous permettre d’avoir accès aux textes originaux.

science en direct

Séminaires

Compte tenu de la fermeture de l’Observatoire de Paris, les séminaires habituellement ouverts au public sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.

Astro en images

NEOWISE : une comète dans la nuit d’été

La comète C/2020 F3 (NEOWISE) au crépuscule le 18 juillet 2020 depuis le col de la Loze (Savoie, France)
La comète C/2020 F3 (NEOWISE) au crépuscule le 18 juillet 2020 depuis le col de la Loze (Savoie, France). Crédits J. Normand

Attraction discrète au début de cet été, une comète visible à l’œil nu, cela n’arrive pas souvent. Ce fut pourtant le cas de cette petite comète dénommée C/2020 F3 NEOWISE.

NEOWISE le 8 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise (Savoie) au-dessus de nuages noctulescents
NEOWISE le 8 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise (Savoie) au-dessus de nuages noctulescents. Crédits J. Normand

Le nom ne fait pas rêver, mais la comète oui ! Certes, elle n’accédera pas à la catégorie des vénérables grandes comètes. Il aurait fallu pour cela qu’elle fût visible à l’œil nu sous tous les ciels avec un éclat surpassant celui de toute étoile. La dernière à avoir intégré le cercle très fermé des grandes comètes est la comète Hale-Bopp, il y a près de 25 ans, une génération entière. Son noyau était d’un autre calibre, 30 km de large contre 5 km pour la comète NEOWISE.

NEOWISE le 12 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise
NEOWISE le 12 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise. Crédits J. Normand
NEOWISE le 12 juillet 2020 au crépuscule en Tarentaise
NEOWISE le 12 juillet 2020 au crépuscule en Tarentaise. Crédits J. Normand

Néanmoins, sous un ciel bien noir, dépourvu de toute pollution lumineuse, la visiteuse se montrait à l’œil nu, intégrant le grand décor du ciel. Elle fut particulièrement visible autour du 23 juillet, date de son rapprochement avec la Terre. Rapprochement tout relatif, car elle était alors à une distance d’une centaine de millions de kilomètres. Pour l’anecdote, la jolie comète avait choisi de se placer sous la protection de la constellation de la Grande Ourse, sans doute la constellation la plus connue de l’hémisphère nord et aussi la plus facile à identifier.

Une comète, ça vient et ça va. Celle-ci nous vient des profondeurs du Système solaire – à une distance 360 fois supérieure à celle qui sépare la Terre du Soleil - pour ensuite y retourner une fois achevée sa petite visite du Soleil. Elle se déplace sur une orbite elliptique très allongée qu’elle parcourt en 6 868 ans. Elle fond sur sa proie, le Soleil. Sa vitesse près du Soleil est de 231 000 km/h.

NEOWISE le 20 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise
NEOWISE et sa coma verte le 20 juillet 2020 à l’aube en Tarentaise. Crédits J. Normand
NEOWISE le 15 juillet 2020 vers 2 h 00 TU depuis le toit de l’observatoire de Haute-Provence (assemblage d’une quinzaine d’images)
NEOWISE le 15 juillet 2020 vers 2 h 00 TU depuis le toit de l’observatoire de Haute-Provence (assemblage d’une quinzaine d’images). Crédits J. Desmars

Dans le même temps, avec l’élévation de la température, le petit noyau rocheux se désintègre quelque peu en relâchant poussières et gaz emprisonnés par les glaces qu’elle renferme. La comète fond sous la chaleur du Soleil. Deux grandes queues apparaissent à sa suite. L’une, bleutée, est dirigée dans la direction exactement opposée à celle du Soleil. Des particules très légères chargées électriquement la composent, elles sont repoussées par le vent solaire. L’autre, plus brillante, d’une teinte blanchâtre, est faite de poussière et de gaz. Elle s’incurve légèrement, car bien que repoussées par la pression de radiation solaire, les particules sont plus grosses et plus lourdes, elles sont donc très sensibles à la force d’attraction du Soleil. Ainsi, le Soleil les repousse tout en les attirant. Finalement, elles s’étendent en une longue queue qui va s’incurver dans la direction du Soleil pour se rapprocher de la trajectoire suivie par la comète.

NEOWISE le 11 juillet 2020 à 2 h 32 TU depuis le toit de l’Observatoire de Paris
NEOWISE le 11 juillet 2020 à 2 h 32 TU depuis le toit de l’Observatoire de Paris. Crédits J. Desmars

Au bout du compte, par le jeu d’une illusion d’optique, sa longue traînée brillante semble être attachée au noyau à la façon d’une queue que la comète baladerait dans le ciel. L’appellation même de « queue cométaire » renforce cette méprise, « traînée » est à préférer. En vérité, les poussières de cette queue sont évacuées constamment. Les plus anciennes (une vingtaine de jours après leur expulsion) se trouvent en bout de traînée à plusieurs centaines de millions de kilomètres du noyau, leur lieu de provenance ; les plus récentes se trouvent au plus près du noyau. Elles finissent toutes par se diluer dans l’espace le long de la trajectoire de la comète. La comète ne traîne donc pas derrière elle une queue de poussières qui la suivrait dans son périple, mais bien au contraire cette queue est renouvelée en permanence.

Timelapse de la nuit du 16 au 17 juillet 2020 depuis la terrasse du télescope de 193 cm à l’observatoire de Haute-Provence, réalisé à partir de 150 photos prises entre 23 h 02 et 1 h 31, puis de 179 photos prises de 1 h 35 à 4 h 35, en Temps légal français. Crédits K. Baillié

Cette activité cométaire donne son allure à toute comète. La comète ne peut être visible que lorsqu’elle pourra commencer à dégazer son contenu volatile. Cela ne peut se faire qu’à l’approche du Soleil. C’est pourquoi nous la voyons dans le ciel à proximité du Soleil, aux heures crépusculaires (comme le montrent les photos). Celui-ci se trouvant nécessairement sous l’horizon, toute comète donnera toujours l’impression de plonger du ciel vers la Terre, car les traînées qu’elle laisse vont dans la direction opposée à celle du Soleil. Jamais vous ne verrez une comète ayant l’air de provenir de la Terre.

C’est sans doute la raison pour laquelle les comètes ont toujours été vues d’un mauvais œil, un vieux souvenir gaulois de l’époque où le ciel menaçait de nous tomber sur la tête. Il fallut d’ailleurs attendre 1577 pour enfin comprendre que les comètes ne sont pas des exhalaisons terrestres présentes dans l’atmosphère, comme on le pensait depuis Aristote, mais bien des astres célestes passagers.

La comète C/2020 F3 (NEOWISE) le 11 août 2020 dans le ciel du Var, un mois après son passage proche du Soleil
La comète C/2020 F3 (NEOWISE) le 11 août 2020 dans le ciel du Var, un mois après son passage proche du Soleil. Crédits J. Normand