Le phénomène du mois : l’occultation de Vénus par la Lune le 19 juin 2020

Le phénomène intéressant en ce mois de juin 2020 sera l’occultation de la planète Vénus par notre satellite la Lune. Ce phénomène, visible vendredi 19 juin, aura lieu en plein jour, en milieu de matinée.
Qui verra-t-on ?
La Lune est le seul satellite naturel de la Terre. Si son diamètre de 3 474 km en fait un objet à la taille modeste, comparée à l’ensemble des planètes de notre système solaire, il s’agit d’un gros satellite, si on exprime son diamètre relativement à la Terre. En effet, le diamètre lunaire représente 27 % du diamètre terrestre, alors que la plupart des satellites qui gravitent autour des autres planètes de notre système solaire a un diamètre, en moyenne, de l’ordre de 1 à 4 % de la planète autour de laquelle ils tournent. Si la structure interne n’est pas sans rappeler celle de la Terre (croûte de surface, manteau, puis noyau interne), la composition chimique diffère cependant quelque peu, puisque la Lune contient nettement moins de métaux lourds (densité lunaire moyenne de 3,4, alors que la densité terrestre est de 5,5). Du fait de sa relative proximité (distance moyenne de 384 000 km), point n’est besoin d’un télescope pour distinguer des détails de sa surface : l’œil humain perçoit distinctement divers aspects du relief lunaire, comme les mers (couleur sombre) et les terrains anciens (plus clairs).
Vénus fait partie des quatre planètes telluriques, ce qui signifie qu’il s’agit d’un astre rocheux. Par ordre de distance, elle vient en deuxième position, après Mercure. Vénus a un diamètre très proche de celui de la Terre (95 % du diamètre terrestre). Elle est située à 108 millions de kilomètres du Soleil, dont elle fait le tour en 225 jours. Son atmosphère gazeuse est blanche et très réfléchissante, ce qui fait de Vénus l’astre le plus brillant après le Soleil et la Lune.
Que verra-t-on ?
Dans son mouvement inlassable autour de la Terre, la Lune se déplace dans la même bande de ciel que celle où se trouvent les planètes. Cette zone centrée sur une ligne que l’on appelle l’écliptique correspond à la projection du plan de notre système solaire (les planètes tournent toutes dans le même plan). Pas étonnant donc que de temps à autre, elle vienne à passer à proximité d’une ou de plusieurs planètes. Elle peut même parfois passer exactement entre la Terre et une planète. Les trois astres sont alors parfaitement alignés. Et lorsqu’un tel phénomène se produit, la Lune s’intercalant entre la Terre et la planète, ladite planète va, pour un observateur terrestre, disparaître derrière la Lune. On parle alors d’occultation. Le phénomène débutera à Paris le vendredi 19 juin 2020 à 7 h 39 min 52 s UTC et se terminera à 8 h 38 min 31 s UTC avec un maximum à 8 h 08 min UTC. Sa durée sera de 58 minutes.
Toutefois, le phénomène ne sera pas visible pour des latitudes situées sous le 41e parallèle, en particulier dans l’hémisphère sud.
Avant le phénomène lui-même, on pourra commencer à savourer le rapprochement des deux objets. On parle bien sûr de rapprochement en projection dans le ciel, car point de rapprochement physique il n’y aura : si la Lune sera ce jour-là à environ 395 000 km de la Terre, Vénus sera quant à elle à 48,3 millions de kilomètres de notre planète. Comme nous serons la veille du solstice d’été, le jour va se lever très tôt. Lorsque les premières lueurs de l’aube pointeront au-dessus de l’horizon nord-est vers 5 h 00 min du matin, on verra les deux objets assez proches (environ 2° l’un de l’autre, soit 4 fois le diamètre lunaire) à 3° au-dessus de l’horizon. Notons que nous serons à 48 heures de la nouvelle Lune et que notre satellite ne sera visible que sous la forme d’un croissant d’une très grande finesse, le reste de la Lune, non éclairée par le Soleil, restant pourtant visible grâce à une belle lumière cendrée. En même temps que le jour va doucement se lever, les deux astres vont monter dans le ciel et se rapprocher inexorablement. Le jour se levant, il va devenir de plus en plus difficile de distinguer les deux objets à l’œil nu. On pourra s’aider d’une paire de jumelles pour « garder le contact » visuel. Toutefois, l’occultation ayant lieu à 8 h 40 min UTC, soit en plein jour, il est difficilement concevable de suivre scrupuleusement ce rapprochement à bras levés aux jumelles du lever du Soleil jusqu’à l’occultation. Si l’on veut facilement suivre ou retrouver les deux astres, même après une interruption d’observation de plusieurs minutes, il est très fortement conseillé d’utiliser un instrument sur une monture équatoriale que l’on aura au préalable mis en station. Si l’instrument n’est pas motorisé, il suffira ensuite d’agir manuellement sur le flexible d’ascension droite pour compenser la rotation de la Terre et remettre les deux objets dans l’oculaire. Si maintenant vous disposez d’un instrument motorisé, et que cet instrument aura été mis soigneusement en station équatoriale, il n’y aura rien d’autre à faire que de savourer le rapprochement inexorable, jusqu’à l’occultation qui aura lieu à 8 h 40 min UTC. Notons que la Lune, en tournant autour la Terre, se déplace dans le ciel d’ouest en est (de la droite vers la gauche). Ce phénomène devrait être très furtif. Avec un ciel tout bleu, une Lune très fine et une planète Vénus loin d’être très brillante (magnitude 1,9), on est très loin de conditions faciles et confortables. Mais ce sont peut-être justement ces contraintes qui font de cette observation un beau challenge à relever.
Notons que le phénomène se terminera exactement 1 heure plus tard, puisque la réapparition de Vénus de l’autre coté du disque lunaire est attendue pour 9 h 40 min UTC. Nous ne saurons que trop conseiller d’être très vigilants et de ne pas, par mégarde, orienter l’instrument vers le Soleil, pas très loin dans le ciel ; toute observation malencontreuse et même très courte de l’astre du jour dans un instrument pouvant occasionner des lésions oculaires irréversibles (risque de cécité). Ces mesures de prudence bien prises en compte, l’ensemble du phénomène promet un beau spectacle.