juin 2024# 213

Ce mois-ci

Le solstice d’été de 2024

Dates et durées des saisons en 2024
Dates et durées des saisons en 2024. Crédits P. Rocher

Le 20 juin, nous fêterons le solstice d'été.

Par définition, les dates des équinoxes et des solstices, et donc les débuts des saisons astronomiques, sont les instants pour lesquels la longitude géocentrique apparente du Soleil (incluant les effets de l’aberration et du mouvement du pôle) est un multiple entier de 90°.

À partir du solstice d’hiver, les jours recommencent à croître, mais pas de manière symétrique le matin et le soir.

Le terme solstice vient du latin solstitium (de sol« soleil » et sistere « s’arrêter, retenir »), car l’azimut du Soleil à son lever et à son coucher semble rester stationnaire pendant quelques jours à ces périodes de l’année, avant de se rapprocher à nouveau de l’est au lever et de l’ouest au coucher.

Ce jour, dans l’hémisphère nord, en dehors de la zone intertropicale, la culmination du Soleil à son passage au méridien est maximale. Inversement, dans l’hémisphère sud, en dehors de la zone intertropicale, la culmination du Soleil à son passage au méridien est minimale.

Dans la zone intertropicale, les jours de culminations extrêmes du Soleil ne correspondent pas aux solstices. Le Soleil passe au zénith lorsque sa déclinaison est égale à la latitude du lieu. Ainsi, sur l’équateur, le Soleil passe au zénith lorsque sa latitude est nulle, c’est-à-dire les jours d’équinoxe. Le jour du solstice d’été, le centre du Soleil passe au méridien au plus près du zénith pour les lieux qui se trouvent sur le tropique du Cancer, la déclinaison du Soleil est maximale et est égale à la latitude du tropique du Cancer. En fait, n’étant pas ponctuel, le Soleil recouvre le zénith à son passage au méridien durant plusieurs jours (du 13 juin au 29 juin environ pour un lieu de latitude 23° 26′).

Notre calendrier (le calendrier grégorien) est construit de manière à rester proche d’une date fixe pour le début des saisons. La date du solstice d’été en 2024 est le jeudi 20 juin à 20 h 51 min 01,1 s UTC et à 22 h 51 min 01,1 s en Temps légal français (UTC + 2 h)

Dans le calendrier grégorien créé en 1582, le solstice d’été peut survenir le 19, 20, 21 ou 22 juin. Il est survenu un 20 juin en 1896 et est tombé de nouveau à cette date en 2008. Il est survenu un 22 juin en 1975 et tombera de nouveau à cette date en 2203, 2207, 2211 et 2215 puis en 2302. Le solstice d’été tombera un 19 juin en 2488 et ce sera la première fois depuis la création du calendrier grégorien.

En UTC, au XXe siècle, les solstice d’été sont tombés exclusivement le 21 juin (64) et le 22 juin (36), alors qu’au XXIe siècle, le solstice d’été tombera exclusivement le 20 juin (47) et le 21 juin (53).

ciel du mois

Phénomènes astronomiques

Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension droite.
Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.

1er juin

4 h 54 min 50 s Élongation minimale entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 01,11′, élongation de la Lune au Soleil : 71° O.

2 juin

9 h 16 min 19 s Lune au périgée, distance à la Terre : 368 102 km, diamètre apparent de la Lune : 32,45′.

23 h 42 min 35 s Élongation minimale entre la Lune et Mars, élongation : 2° 09,20′, élongation de la Lune au Soleil : 48° O.

4 juin

12 h 32 min 24 s Élongation minimale entre Jupiter et Mercure, élongation : 0° 06,75′, élongation de Mercure au Soleil : 12° O.

17 h 33 min 27 s Conjonction supérieure de Vénus, distance à la Terre : 1,735 275 575 au, diamètre apparent : 9,62″.

5 juin

0 h 39 min 20 s Élongation minimale entre la Lune et Uranus, élongation : 3° 33,27′, élongation de la Lune au Soleil : 20° O.

4 h 27 min 51 s Vénus à l’apogée, distance à la Terre : 1,735 28 au, diamètre apparent : 9,62″.

14 h 21 min 18 s Élongation minimale entre la Lune et Jupiter, élongation : 4° 30,85′, élongation de la Lune au Soleil : 13° O.

18 h 18 min 58 s Élongation minimale entre la Lune et Mercure, élongation : 4° 32,04′, élongation de la Lune au Soleil : 11° O.

6 juin

14 h 37 min 45 s Nouvelle lune.

15 h 15 min 04 s Élongation minimale entre la Lune et Vénus, élongation : 4° 29,92′, élongation de la Lune au Soleil : 1° E.

7 juin

18 h 34 min 47 s Déclinaison maximale de la Lune : + 28° 23′.

9 juin

12 h 35 min 53 s Saturne est en quadrature avec le Soleil.

13 juin

17 h 51 min 38 s Mercure au périhélie, distance au Soleil : 0,307 49 au.

14 juin

7 h 18 min 27 s Premier quartier de lune.

15 h 35 min 05 s Lune à l’apogée, distance à la Terre : 404 077 km, diamètre apparent de la Lune : 29,56′.

18 h 32 min 31 s Conjonction supérieure de Mercure, distance à la Terre : 1,322 949 105 au, diamètre apparent : 5,09″.

15 juin

3 h 35 min 40 s Mercure à l’apogée, distance à la Terre : 1,323 06 au, diamètre apparent : 5,09″.

17 juin

12 h 47 min 11 s Élongation minimale entre Vénus et Mercure, élongation : 0° 52,82′, élongation de Mercure au Soleil : 4° E.

20 juin

22 h 51 min 00 s Solstice d’été

22 juin

3 h 07 min 53 s Pleine lune.

4 h 37 min 47 s Déclinaison minimale de la Lune : − 28° 21′.

27 juin

13 h 30 min 07 s Lune au périgée, distance à la Terre : 369 286 km, diamètre apparent de la Lune : 32,35′.

16 h 56 min 28 s Élongation minimale entre la Lune et Saturne, élongation : 0° 04,11′, élongation de la Lune au Soleil : 107° O.

28 juin

10 h 39 min 56 s Élongation minimale entre Neptune et Saturne, élongation : 10° 31,19′, élongation de Saturne au Soleil : 108° O.

10 h 42 min 15 s Élongation minimale entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 15,64′, élongation de la Lune au Soleil : 97° O.

23 h 53 min 25 s Dernier quartier de lune.

30 juin

21 h 56 min 38 s Saturne est stationnaire dans la constellation du Verseau.

Visibilité de la Lune et des planètes

Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations voisines. L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 juin 2024 à 22 h 00 UTC.

  • La Lune

    La Lune

    La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en approximativement 28 jours : c’est pourquoi l’on ne voit toujours que la même face de la Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre, la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au Soleil : le premier quartier, la pleine lune, le dernier quartier et la nouvelle lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les 29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.

    Invisible du matin du 5 juin
    au soir du 7 juin

    6Nouvelle lune
    14Premier quartier
    22Pleine lune
    28Dernier quartier
  • Mercure

    Mercure le 16 juin 2024

    Mercure

    Mercure n’est pas visible durant le mois de juin. Elle est dans la constellation du Taureau jusqu’au 17 juin, date à laquelle elle entre dans la constellation des Gémeaux. Son mouvement est direct tout le mois.

    Diamètre apparent : 5,1″

    Magnitude : − 2,12

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Vénus

    Vénus le 16 juin 2024

    Vénus

    Vénus n’est pas visible durant le mois de juin. Elle est dans la constellation du Taureau jusqu’au 17 juin, date à laquelle elle entre dans la constellation des Gémeaux. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 9,6″

    Magnitude : − 3,91

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Mars

    Mars le 16 juin 2024

    Mars

    Mars est visible le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 13 juin, date de son lever héliaque du matin à Paris. Elle se trouve dans la constellation des Poissons jusqu’au 10 juin, date à laquelle elle entre dans la constellation du Bélier. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 5,2″

    Magnitude :  0,98

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Jupiter

    Jupiter le 16 juin 2024

    Jupiter

    Jupiter est visible le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 18 juin, date de son lever héliaque du matin à Paris. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 33,1″

    Magnitude : − 2,02

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Saturne

    Saturne le 16 juin 2024

    Saturne

    Saturne est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt et à partir du 18 juin, elle se lève avant minuit vrai. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Verseau. Son mouvement est direct jusqu’au 30 juin, date à laquelle il devient stationnaire, puis rétrograde.

    Diamètre apparent : 17,5″

    Magnitude : 1,09

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Uranus

    Uranus le 16 juin 2024

    Uranus

    Uranus est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt en seconde partie de nuit. Elle est tout le mois dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 3,4″

    Magnitude : 5,82

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Neptune

    Neptune le 16 juin 2024

    Neptune

    Neptune est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de plus en plus tôt et à partir du 22 juin, elle se lève avant minuit vrai. Elle est tout le mois dans la constellation des Poissons. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 2,3″

    Magnitude : 7,89

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    icone portail ssp

    Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.

Cartes du ciel

Cartes du ciel des étoiles brillantes et des planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 juin 2024.

  • Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français (UTC + 2 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord, au 15 juin 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français (UTC + 2 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud, au 15 juin 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord, au 15 juin 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud, au 15 juin 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Vue dans le plan de l’écliptique

    Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en début de nuit selon leur élongation et leur magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 juin 2024.

    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024
    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024. Crédits IMCCE
    Déplacement de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au cours du mois de juin 2024. Crédits IMCCE
  • Positions héliocentriques des planètes

    Les figures suivantes montrent la configuration dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024. Sur chaque orbite des planètes intérieures, l’intersection du segment et de l’orbite marque la position de la planète au premier jour du mois, et l’extrémité de la flèche marque celle au dernier jour du mois.

    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024
    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024. Crédits IMCCE
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024. Crédits IMCCE

culture astronomique

Retour sur le passage de Vénus de 2004

Passage de Vénus du 8 juin 2004
Passage de Vénus du 8 juin 2004.Crédits P. Rocher/IMCCE

Le 8 juin 2004, il y a tout juste 20 ans, Vénus passait devant le Soleil. Ce phénomène rare (le précédent s’est produit en 1882, et les suivants en 2012, puis en 2117) fut particulièrement suivi par les astronomes de l’Observatoire de Paris. Et pour cause !

Outre sa rareté, ce phénomène de passage est l’occasion de rappeler des éléments fondamentaux de notre connaissance de l’Univers, en particulier, comment mesure-t-on l’Univers ? Cette mesure n’est pas simple puisqu’il est impossible d’aller vers les corps célestes et d’en mesurer in situ leur distance à la Terre. Toutes les étoiles et les planètes présentes sur la voûte céleste nous apparaissent comme étant toutes à la même distance de nous. Un raisonnement complexe et des observations très spécifiques vont être nécessaires pour estimer ces distances. L’observation du passage de Vénus a été l’observation la plus célèbre permettant de mesurer la distance de la Terre au Soleil, distance qui se trouve être la clé et l’unité de mesure de toutes les autres distances des corps célestes. Le moment est donc propice pour se remémorer cette aventure humaine de mesure de notre Univers.

Cet extrait tiré du site web dédié réalisé à l’époque souligne l’importance du phénomène. Nous vous proposons donc d’y revenir, de vous y perdre. Vous saurez ainsi ce « que nous suggère le passage de Vénus », « comment observe-t-on et qu’est ce qu’on observe », ainsi que de nombreuses images des passages de Vénus en 2004 et 2012.

Pour compléter la réponse à la question « qu’est-ce qu’un passage de Vénus ? », nous vous proposons un module pédagogique qui revient régulièrement, car il offre une explication claire et synthétique des phénomènes d’occultations, d’éclipses et de passages abordés par la mécanique céleste.

science en direct

Séminaires & conférences

  • Bureau des longitudes

    Mercredi 5 juin 2024 – 14 h 30

    Le couple Soleil-Terre et la météorologie de l’espace

    Allan Sacha Brun (CEA, Observatoire de Paris-Saclay)

    École normale supérieure, salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

    Entrée libre. Renseignements par téléphone au 06 11 27 71 83
    ou par mail à l’adresse renseignements@bureau-des-longitudes.fr

  • Temps – Espace – Société

    Mercredi 12 juin 2024 – 14 h 00

    New Tools for Exoplanet Science

    Jason Steffen (University of Nevada, Las Vegas)

    Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris

    Dans le cadre du plan Vigipirate, merci aux extérieurs de l’Observatoire de Paris de bien vouloir s’inscrire à l’avance sur le site indico

Astro en images

Des aurores boréales dans le ciel de France

Dans la nuit du 10 au 11 mai 2024, les observateurs du ciel nocturne ont été les heureux témoins d’un spectacle exceptionnel : des aurores boréales intenses ont illuminé tout le territoire français, une première depuis près de 20 ans. Cet orage auroral, qui a duré près de 20 h, a pu ensuite être admiré par le public nord-américain.

Au-delà d’un spectacle poétique, les aurores sont la partie visible d’une chaîne de processus physiques fascinants, qui se déploient ailleurs dans le Système solaire et au-delà, dont la compréhension mobilise une large communauté de chercheurs, mais qui fait aussi souvent l’objet de simplifications réductrices et de confusions, notamment dans la presse.

De la lumière dans la haute atmosphère

Les aurores polaires, boréales au nord et australes au sud, sont des émissions lumineuses qui se produisent dans la haute atmosphère entre 80 km et plusieurs centaines de kilomètres d’altitude au voisinage des pôles magnétiques, auxquels renvoie l’adjectif « polaire ». Vues depuis l’espace, elles se concentrent le long de deux ovales de haute latitude connectés magnétiquement, dont la position moyenne est située entre 60° et 70°. Les aurores sont produites par l’afflux vers la Terre de particules énergétiques chargées électriquement, autrement dit des électrons et des ions, qui peuplent la cavité magnétique qui l’entoure et que l’on nomme la magnétosphère.

Fig. 1 – Vue d’artiste de la magnétosphère terrestre
Fig. 1 – Vue d’artiste de la magnétosphère terrestre. Les lignes bleues schématisent les lignes de champ magnétique qui connectent les pôles magnétiques nord et sud. Crédits NASA

Quand ces particules chutent dans l’atmosphère – plus elles ont d’énergie, plus elles pénètrent bas – elles transfèrent une partie de leur énergie cinétique aux atomes et aux molécules locales qui la réémettent sous forme de lumière. Les couleurs observées dans le domaine visible et leur altitude sont ainsi caractéristiques de la composition chimique de notre atmosphère : les émissions vertes et rouges sont produites par l’oxygène atomique à basse et haute altitude, les émissions rouges et bleu/violet par l’azote moléculaire neutre ou ionisé plutôt à basse altitude (table 1).

Table 1 – Principales raies et bandes des aurores visibles. Tiré de F. Mottez, Aurores polaires, la Terre sous le vent du Soleil, Belin, 2017.
Long. d’onde (nm) Rapport brillance/
vert à 557 nm
Origine Altitudes z
(km)
Hauteur aurore
dans cette couleur (km)
Couleur Durée
de vie
des niveaux
métastables
(s)
600-700 0 à 100
(nul si
aurore peu
brillante
à 557,7 nm)
Azote
moléculaire
neutre
et ionisé
(N2 et N2+)
80 < z < 120 30 à 50 rouge émission instantanée
636,3 3-200 Oxygène atomique
(O)
300 < z < 1000 250-350 rouge 110
630 10-600
(typiquement
50 quand
on voit
le rouge)
Oxygène atomique
(O)
300 < z < 1000 250-350 rouge 110
599,3 15 Azote moléculaire jaune
586,7 13 Azote moléculaire jaune
557,7 100
(sert d’étalon
pour le reste)
Oxygène atomique
(O)
100 < z < 300 95 vert 0,7
470,8 8 Azote moléculaire bleu/violet
427,8 24 Azote moléculaire ionisé
(N2+)
bleu/violet
391,5 47,4 Azote moléculaire ionisé
(N2+)
bleu/violet

Un traceur de l’interaction Soleil-Terre

Intéressons-nous maintenant à l’origine des particules qui produisent les aurores, qui n’a été comprise qu’après l’avènement de l’ère spatiale. On peut souvent lire que les aurores sont produites directement par les particules du vent solaire, ce n’est pas exact (voir cette compilation d’idées fausses sur les aurores de F. Mottez). Elles proviennent, on l’a dit, de la magnétosphère. Cette cavité est produite par l’interaction entre le champ magnétique terrestre et le vent solaire, ce flot magnétisé de particules chargées qui irrigue en permanent le Système solaire. Comme illustré sur la figure 1, elle est compressée côté jour, où elle s’étend à plus de 10 rayons terrestres, et allongée côté nuit. La magnétosphère est alimentée en particules chargées par deux réservoirs : la plus modeste est la haute atmosphère ionisée terrestre (l’ionosphère), la plus importante est le vent solaire dans une circonstance particulière que l’on verra plus bas. Lors de leur circulation dans la magnétosphère, ces particules peuvent facilement acquérir suffisamment d’énergie pour atteindre l’atmosphère. Des aurores sont donc produites quasiment en permanence, mais leur faible intensité ou leur grande altitude les rendent généralement peu aisées à observer depuis le sol. Néanmoins, l’activité aurorale s’intensifie périodiquement avec des arcs brillants et intenses lors d’épisodes qu’on appelle des « sous-orages » et dont le déclenchement dépend d’un ingrédient principal : l’orientation du champ magnétique solaire au niveau de la Terre.

La magnétosphère terrestre est étanche au vent solaire, sauf lorsque son champ magnétique est orienté vers le sud. Lorsque cela se produit, une connexion magnétique s’établit et permet aux particules du vent solaire de pénétrer dans la magnétosphère. Ces particules sont transportées au-dessus des pôles et s’accumulent à l’équateur du côté nuit de la magnétosphère, d’où elles sont accélérées par bouffées vers la Terre, produisant des aurores intenses du côté nuit qui s’étendent en latitude. Ce cycle de sous-orages décrit en quelques lignes est un phénomène physique complexe étudié par les chercheurs depuis plus d’un demi-siècle et dont la compréhension a été l’objectif de nombreuses sondes spatiales, dont les flottilles de sondes Themis et MMS sont les dernières en date. La figure 2 montre un exemple d’aurores lors du développement d’un sous-orage.

Fig. 2 – Un sous-orage auroral photographié par la sonde POLAR le 23 septembre 1996
Fig. 2 – Un sous-orage auroral photographié par la sonde POLAR le 23 septembre 1996. Les aurores, ici observées dans le domaine UV, s’intensifient du côté nuit (en haut à droite) de la magnétosphère. Crédits NASA

Le vent solaire peut également, mais beaucoup plus occasionnellement, produire des aurores particulièrement intenses encore lorsqu’il compresse violemment la magnétosphère terrestre, on parle alors d’orage géomagnétique, qui induit des sous-orages et des aurores intenses descendant aux basses latitudes. C’est ce qui s’est passé lors de la journée du 10 mai, lors de laquelle la morphologie des aurores dans l’animation de la figure 3 a été photographiée par des sondes spatiales, et sur laquelle on voit bien des aurores brillantes descendre en deçà de 50° de latitude.

Fig. 3 – Animation des aurores boréales (haut) et australes (bas) observées le 10 mai 2024 par les sondes DMSP. La transition entre un ovale fin vers + 65° de latitude à un ovale intense, large et atteignant des latitudes inférieures à 50°, est spectaculaire. Crédits JhuAPL/NOAA

Deux jours auparavant, le Soleil avait émis une série de six éjections de masse coronale, des bulles de plasma denses et rapides qui ont fusionné pour atteindre la Terre à la mi-journée du 10 mai et provoquer un orage géomagnétique majeur (de classe G5), le plus intense depuis 2003.

Fig. 4 – Éjections de masse coronale capturée par la sonde spatiale SOHO. Crédits SOHO (ESA & NASA)

Heureux qui comme Ulysse

Ces orages auroraux sont donc directement liés à l’activité solaire et les deux prochaines années, correspondant au prochain pic d’activité solaire, devraient fournir leur lot d’éruptions solaires majeures : autant d’occasions d’observer dans le ciel les manifestations de l’interaction du champ magnétique de notre planète avec le vent de plasma de notre étoile. Les amateurs peuvent suivre l’activité solaire et aurorale en temps réel à l’aide de sites internet dédiés, tels que https://www.spaceweatherlive.com .

Mentionnons également que les émissions aurorales s’observent dans d’autres domaines de longueur d’onde (radio à X) sur Terre et plus généralement sur les planètes et étoiles magnétisées, dont elles permettent d’étudier la magnétosphère. Elles ont été analysées en détail sur les planètes géantes comme Saturne, Jupiter ou Uranus avec des sondes polaires telles que Cassini/Juno ou le télescope spatial Hubble, ou pour des étoiles lointaines avec de grands radiotélescopes au sol. Leur étude est un axe de recherche important à l’Observatoire de Paris.

Un risque pour l’industrie

Une conséquence plus concrète des compressions de la magnétosphère sondées par exemple par l’observation des aurores est l’impact que l’activité solaire peut avoir pour les activités humaines. L’observation et la prédiction de l’activité solaire à la Terre a ainsi donné naissance à une discipline nommée météorologie de l’espace, définie ainsi par l’Agence spatiale européenne : « La météorologie de l’espace étudie les conditions environnementales dans la thermosphère, l’ionosphère, la magnétosphère terrestres causées par le Soleil et le vent solaire et qui peuvent affecter le fonctionnement et la fiabilité de systèmes ou services au sol ou dans l’espace, ou mettre en danger les biens ou la santé de l’homme. » Différents acteurs de la recherche française sont impliqués sur ces aspects, qui dépassent le cadre de cet article, comme l’axe Environnement Spatial de la Terre - Recherche et Surveillance (Esters) de l’Observatoire de Paris ou l’organisation française pour la recherche applicative en météorologie de l’espace.

en savoir plus

  • F. Mottez, Aurores polaires, la Terre sous le vent du Soleil, Belin, 2017.