Dates et durées des saisons en 2024. Crédits P. Rocher
Le 20 juin, nous fêterons le solstice d'été.
Par définition, les dates des équinoxes et des solstices, et donc les débuts des saisons
astronomiques, sont les instants pour lesquels la longitude géocentrique apparente du Soleil
(incluant les effets de l’aberration et du mouvement du pôle) est un multiple entier de 90°.
À partir du solstice d’hiver, les jours recommencent à croître, mais pas de manière
symétrique le matin et le soir.
Le terme solstice vient du latin solstitium (de sol« soleil »
et sistere « s’arrêter, retenir »), car l’azimut du Soleil à son lever
et à son coucher semble rester stationnaire pendant quelques jours à ces périodes de
l’année, avant de se rapprocher à nouveau de l’est au lever et de l’ouest au coucher.
Ce jour, dans l’hémisphère nord, en dehors de la zone intertropicale, la culmination du
Soleil à son passage au méridien est maximale.
Inversement, dans l’hémisphère sud, en dehors de la zone intertropicale, la culmination du
Soleil à son passage au méridien est minimale.
Dans la zone intertropicale, les jours de culminations extrêmes du Soleil ne correspondent
pas aux solstices. Le Soleil passe au zénith lorsque sa déclinaison est égale
à la latitude du lieu. Ainsi, sur l’équateur, le Soleil passe au zénith lorsque sa
latitude est nulle, c’est-à-dire les jours d’équinoxe.
Le jour du solstice d’été, le centre du Soleil passe au méridien au plus près du zénith pour
les lieux qui se trouvent sur le tropique du Cancer,
la déclinaison du Soleil est maximale et est égale à la latitude du tropique du Cancer.
En fait, n’étant pas ponctuel, le Soleil recouvre le zénith à son passage au méridien durant
plusieurs jours
(du 13 juin au 29 juin environ pour un lieu de latitude 23° 26′).
Notre calendrier (le calendrier grégorien) est construit de manière à rester proche d’une
date fixe pour le début des saisons.
La date du solstice d’été en 2024 est le jeudi 20 juin à 20 h 51 min
01,1 s UTC et à 22 h 51 min 01,1 s en Temps légal français (UTC
+ 2 h)
Dans le calendrier grégorien créé en 1582, le solstice d’été peut survenir le 19, 20, 21 ou
22 juin. Il est survenu un 20 juin en 1896 et est tombé de nouveau à cette date en
2008.
Il est survenu un 22 juin en 1975 et tombera de nouveau à cette date en 2203, 2207,
2211 et 2215 puis en 2302. Le solstice d’été tombera un 19 juin en 2488 et ce sera la
première fois
depuis la création du calendrier grégorien.
En UTC, au XXe siècle, les solstice d’été sont
tombés exclusivement le 21 juin (64) et le 22 juin (36),
alors qu’au XXIe siècle,
le solstice d’été tombera exclusivement le 20 juin (47) et le
21 juin (53).
Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension
droite.
Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.
1er juin
4 h 54 min 50 s
Élongation minimale entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 01,11′,
élongation de la Lune au Soleil : 71° O.
2 juin
9 h 16 min 19 s
Lune au périgée, distance à la Terre : 368 102 km, diamètre apparent de la
Lune : 32,45′.
23 h 42 min 35 s Élongation minimale
entre la Lune et Mars, élongation : 2° 09,20′, élongation de la Lune au
Soleil : 48° O.
4 juin
12 h 32 min 24 s Élongation minimale
entre Jupiter et Mercure, élongation : 0° 06,75′, élongation de Mercure
au Soleil : 12° O.
17 h 33 min 27 s Conjonction
supérieure de Vénus, distance à la Terre : 1,735 275 575 au, diamètre
apparent : 9,62″.
5 juin
0 h 39 min 20 s
Élongation minimale entre la Lune et Uranus, élongation : 3° 33,27′,
élongation de la Lune au Soleil : 20° O.
4 h 27 min 51 s
Vénus à l’apogée, distance à la Terre : 1,735 28 au, diamètre
apparent : 9,62″.
14 h 21 min 18 s Élongation minimale
entre la Lune et Jupiter, élongation : 4° 30,85′, élongation de la Lune
au Soleil : 13° O.
18 h 18 min 58 s Élongation minimale
entre la Lune et Mercure, élongation : 4° 32,04′, élongation de la Lune
au Soleil : 11° O.
6 juin
14 h 37 min 45 s Nouvelle lune.
15 h 15 min 04 s Élongation minimale
entre la Lune et Vénus, élongation : 4° 29,92′, élongation de la Lune
au Soleil : 1° E.
7 juin
18 h 34 min 47 s Déclinaison maximale
de la Lune : + 28° 23′.
9 juin
12 h 35 min 53 s Saturne est en
quadrature avec le Soleil.
13 juin
17 h 51 min 38 s Mercure au périhélie,
distance au Soleil : 0,307 49 au.
14 juin
7 h 18 min 27 s
Premier quartier de lune.
15 h 35 min 05 s Lune à l’apogée,
distance à la Terre : 404 077 km, diamètre apparent de la Lune :
29,56′.
18 h 32 min 31 s Conjonction
supérieure de Mercure, distance à la Terre : 1,322 949 105 au,
diamètre apparent : 5,09″.
15 juin
3 h 35 min 40 s
Mercure à l’apogée, distance à la Terre : 1,323 06 au, diamètre
apparent : 5,09″.
17 juin
12 h 47 min 11 s Élongation minimale
entre Vénus et Mercure, élongation : 0° 52,82′, élongation de Mercure
au Soleil : 4° E.
20 juin
22 h 51 min 00 s Solstice d’été
22 juin
3 h 07 min 53 s
Pleine lune.
4 h 37 min 47 s
Déclinaison minimale de la Lune : − 28° 21′.
27 juin
13 h 30 min 07 s Lune au périgée,
distance à la Terre : 369 286 km, diamètre apparent de la Lune :
32,35′.
16 h 56 min 28 s Élongation minimale
entre la Lune et Saturne, élongation : 0° 04,11′, élongation de la Lune
au Soleil : 107° O.
28 juin
10 h 39 min 56 s Élongation minimale
entre Neptune et Saturne, élongation : 10° 31,19′, élongation de
Saturne au Soleil : 108° O.
10 h 42 min 15 s Élongation minimale
entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 15,64′, élongation de la Lune
au Soleil : 97° O.
23 h 53 min 25 s Dernier quartier de
lune.
30 juin
21 h 56 min 38 s Saturne est
stationnaire dans la constellation du Verseau.
Visibilité de la Lune et des planètes
Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations voisines.
L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 juin 2024 à 22 h 00 UTC.
La Lune
Cliquez sur l’image de la Lune pour afficher
le diaporama du mois en cours.
La Lune
La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en
approximativement 28 jours : c’est pourquoi l’on ne voit toujours que la même
face de la Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre,
la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au
Soleil : le premier quartier, la pleine lune, le dernier quartier et la nouvelle
lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les
29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne
ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la
lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un
intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.
Invisible du matin du 5 juin au soir du 7 juin
6Nouvelle lune
14Premier quartier
22Pleine lune
28Dernier quartier
Mercure
Mercure
Mercure n’est pas visible durant le mois de juin.
Elle est dans la constellation du Taureau jusqu’au 17 juin, date à laquelle elle
entre dans
la constellation des Gémeaux.
Son mouvement est direct tout le mois.
Diamètre apparent : 5,1″
Magnitude : − 2,12
non visible à l’œil nu
non visible aux jumelles
non visible au télescope
Vénus
Vénus
Vénus n’est pas visible durant le mois de juin.
Elle est dans la constellation du Taureau jusqu’au 17 juin, date à laquelle elle
entre dans
la constellation des Gémeaux.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 9,6″
Magnitude : − 3,91
non visible à l’œil nu
non visible aux jumelles
non visible au télescope
Mars
Mars
Mars est visible le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 13 juin, date de
son lever héliaque du matin à Paris.
Elle se trouve dans la constellation des Poissons jusqu’au 10 juin, date à laquelle
elle
entre dans la constellation du Bélier.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 5,2″
Magnitude : 0,98
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Jupiter
Jupiter
Jupiter est visible le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 18 juin, date
de son lever héliaque du matin à Paris.
Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Taureau.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 33,1″
Magnitude : − 2,02
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Saturne
Saturne
Saturne est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois,
elle se lève de plus en plus tôt et à partir du 18 juin, elle se lève avant minuit
vrai.
Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Verseau.
Son mouvement est direct jusqu’au 30 juin, date à laquelle il devient stationnaire,
puis
rétrograde.
Diamètre apparent : 17,5″
Magnitude : 1,09
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Uranus
Uranus
Uranus est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois,
elle se lève de plus en plus tôt en seconde partie de nuit.
Elle est tout le mois dans la constellation du Taureau.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 3,4″
Magnitude : 5,82
non visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Neptune
Neptune
Neptune est visible le matin en seconde partie de nuit et à l’aube. Au cours du mois,
elle se lève de plus en plus tôt et à partir du 22 juin, elle se lève avant minuit
vrai.
Elle est tout le mois dans la constellation des Poissons.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 2,3″
Magnitude : 7,89
non visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE
Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE
N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des
astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe
quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs
d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.
Cartes du ciel
Cartes du ciel des étoiles brillantes et des planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et
de l’hémisphère sud,
vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 juin 2024.
Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français (UTC
+ 2 h)
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction
du nord. Crédits IMCCE
Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français (UTC
+ 2 h)
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction
du sud. Crédits IMCCE
Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local à La Réunion (UTC
+ 4 h)
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction
du nord. Crédits IMCCE
Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local à La Réunion (UTC
+ 4 h)
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction
du sud. Crédits IMCCE
Vue dans le plan de l’écliptique
Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs
planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en
début de nuit selon leur élongation et leur
magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les
mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 juin 2024.
Position de la Lune et des planètes dans le plan
de l’écliptique au 15 juin 2024. Crédits IMCCEDéplacement de la Lune et des planètes dans le
plan de l’écliptique au cours du mois de juin 2024. Crédits IMCCE
Positions héliocentriques des planètes
Les figures suivantes montrent la configuration dans le plan de l’écliptique au
15 juin 2024. Sur chaque orbite des planètes intérieures, l’intersection du segment et
de l’orbite marque la position de la planète au
premier jour du mois, et l’extrémité de la flèche marque celle au dernier jour du mois.
Positions héliocentriques des planètes
intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024.
Crédits IMCCEPositions héliocentriques des planètes
extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 juin 2024.
Crédits IMCCE
culture astronomique
Retour sur le passage de Vénus de 2004
Passage de Vénus du 8 juin 2004.Crédits P. Rocher/IMCCE
Le 8 juin 2004, il y a tout juste 20 ans, Vénus passait devant le Soleil. Ce phénomène rare (le précédent s’est produit en
1882, et les suivants en 2012, puis en 2117) fut particulièrement suivi par les astronomes de
l’Observatoire
de Paris. Et pour cause !
Outre sa rareté, ce phénomène de passage est l’occasion de rappeler des éléments
fondamentaux de notre connaissance de l’Univers, en particulier,
comment mesure-t-on l’Univers ? Cette mesure n’est pas simple puisqu’il est impossible d’aller vers
les corps célestes et d’en mesurer in situ leur distance à la Terre. Toutes les
étoiles et les planètes présentes sur la voûte céleste nous apparaissent comme étant toutes
à la même distance de nous. Un raisonnement complexe et des observations très
spécifiques vont être nécessaires pour estimer ces distances.
L’observation du passage de Vénus a été l’observation la plus
célèbre permettant de mesurer la distance de la Terre au Soleil, distance qui se trouve être
la clé et l’unité de mesure de toutes les autres distances des corps célestes.
Le moment est donc propice pour se remémorer cette aventure humaine de mesure de notre
Univers.
Cet extrait tiré du site web dédié réalisé à l’époque souligne l’importance du phénomène. Nous
vous proposons donc d’y revenir, de vous y perdre. Vous saurez ainsi ce « que nous suggère le
passage de Vénus », « comment observe-t-on et qu’est ce qu’on observe », ainsi que de nombreuses
images des passages de Vénus en 2004 et 2012.
Pour compléter la réponse à la question « qu’est-ce qu’un passage de Vénus ? », nous vous
proposons un module pédagogique qui revient régulièrement, car il offre une explication claire et synthétique
des phénomènes d’occultations, d’éclipses et de passages abordés par la mécanique céleste.
Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue
Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Dans le cadre du plan Vigipirate, merci aux extérieurs de
l’Observatoire de Paris de bien vouloir s’inscrire à l’avance sur le
site indico
Astro en images
Des aurores boréales dans le ciel de France
Aurores boréales photographiées depuis plusieurs lieux de
France dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 mai 2024 (cliquez
sur l’image
pour afficher le diaporama).
Dans la nuit du 10 au 11 mai 2024, les observateurs du ciel nocturne ont été les heureux
témoins d’un spectacle exceptionnel :
des aurores boréales intenses ont illuminé tout le territoire français, une première depuis près
de 20 ans. Cet orage auroral, qui a duré près de 20 h, a pu ensuite être admiré par le
public nord-américain.
Au-delà d’un spectacle poétique, les aurores sont la partie visible d’une chaîne de
processus physiques fascinants, qui se déploient ailleurs dans le Système solaire et
au-delà,
dont la compréhension mobilise une large communauté de chercheurs, mais qui fait aussi
souvent l’objet de simplifications réductrices et de confusions, notamment dans la presse.
De la lumière dans la haute atmosphère
Les aurores polaires, boréales au nord et australes au sud, sont des émissions lumineuses
qui se produisent dans la haute atmosphère entre 80 km et plusieurs centaines de
kilomètres d’altitude
au voisinage des pôles magnétiques, auxquels renvoie l’adjectif « polaire ». Vues
depuis l’espace, elles se concentrent le long de deux ovales de haute latitude connectés
magnétiquement,
dont la position moyenne est située entre 60° et 70°. Les aurores sont produites par
l’afflux vers la Terre de particules énergétiques chargées électriquement, autrement dit des
électrons et des ions,
qui peuplent la cavité magnétique qui l’entoure et que l’on nomme la magnétosphère.
Fig. 1 – Vue d’artiste de la
magnétosphère terrestre. Les lignes bleues schématisent les lignes de champ
magnétique qui connectent les pôles magnétiques nord et sud. Crédits NASA
Quand ces particules chutent dans l’atmosphère – plus elles ont d’énergie,
plus elles pénètrent bas – elles transfèrent une partie de leur énergie cinétique aux
atomes et aux molécules locales qui la réémettent sous forme de lumière. Les couleurs
observées dans le domaine visible
et leur altitude sont ainsi caractéristiques de la composition chimique de notre
atmosphère : les émissions vertes et rouges sont produites par l’oxygène atomique à
basse et haute altitude, les émissions rouges
et bleu/violet par l’azote moléculaire neutre ou ionisé plutôt à basse altitude (table 1).
Table 1 – Principales raies et bandes des aurores
visibles. Tiré de F. Mottez, Aurores polaires, la Terre sous le vent
du Soleil, Belin, 2017.
Long. d’onde (nm)
Rapport brillance/ vert à 557 nm
Origine
Altitudes z (km)
Hauteur aurore dans cette couleur (km)
Couleur
Durée de vie des niveaux métastables (s)
600-700
0 à 100 (nul si aurore
peu brillante à 557,7 nm)
Azote moléculaire neutre et
ionisé (N2 et N2+)
80 < z < 120
30 à 50
rouge
émission instantanée
636,3
3-200
Oxygène atomique (O)
300 < z < 1000
250-350
rouge
110
630
10-600 (typiquement 50
quand on voit le rouge)
Oxygène atomique (O)
300 < z < 1000
250-350
rouge
110
599,3
15
Azote moléculaire
jaune
586,7
13
Azote moléculaire
jaune
557,7
100 (sert d’étalon pour le
reste)
Oxygène atomique (O)
100 < z < 300
95
vert
0,7
470,8
8
Azote moléculaire
bleu/violet
427,8
24
Azote moléculaire ionisé (N2+)
bleu/violet
391,5
47,4
Azote moléculaire ionisé (N2+)
bleu/violet
Un traceur de l’interaction Soleil-Terre
Intéressons-nous maintenant à l’origine des particules qui produisent les aurores, qui n’a
été comprise qu’après l’avènement de l’ère spatiale.
On peut souvent lire que les aurores sont produites directement par les particules du vent
solaire, ce n’est pas exact (voir
cette compilation d’idées fausses
sur les aurores de F. Mottez). Elles proviennent, on l’a dit, de la
magnétosphère. Cette cavité est produite par l’interaction entre le champ magnétique
terrestre et le vent solaire, ce flot magnétisé de particules chargées qui irrigue en
permanent le Système solaire. Comme illustré sur la figure 1, elle est compressée côté
jour,
où elle s’étend à plus de 10 rayons terrestres, et allongée côté nuit. La magnétosphère
est alimentée en particules chargées par deux réservoirs : la plus modeste
est la haute atmosphère ionisée terrestre (l’ionosphère), la plus importante est le vent
solaire dans une circonstance particulière que l’on verra plus bas.
Lors de leur circulation dans la magnétosphère, ces particules peuvent facilement acquérir
suffisamment d’énergie pour atteindre l’atmosphère.
Des aurores sont donc produites quasiment en permanence, mais leur faible intensité ou leur
grande altitude les rendent généralement peu aisées à observer depuis le sol.
Néanmoins, l’activité aurorale s’intensifie périodiquement avec des arcs brillants et
intenses lors d’épisodes qu’on appelle des « sous-orages »
et dont le déclenchement dépend d’un ingrédient principal : l’orientation du champ
magnétique solaire au niveau de la Terre.
La magnétosphère terrestre est étanche au vent solaire, sauf lorsque son champ magnétique
est orienté vers le sud. Lorsque cela se produit,
une connexion magnétique s’établit et permet aux particules du vent solaire de pénétrer dans
la magnétosphère. Ces particules sont transportées
au-dessus des pôles et s’accumulent à l’équateur du côté nuit de la magnétosphère, d’où
elles sont accélérées par bouffées vers la Terre,
produisant des aurores intenses du côté nuit qui s’étendent en latitude. Ce cycle de
sous-orages décrit en quelques lignes est un phénomène physique
complexe étudié par les chercheurs depuis plus d’un demi-siècle et dont la compréhension a
été l’objectif de nombreuses sondes spatiales,
dont les flottilles de sondes Themis et MMS sont les dernières en date. La figure 2
montre un exemple d’aurores lors du développement d’un sous-orage.
Fig. 2 – Un sous-orage auroral
photographié par la sonde POLAR le 23 septembre 1996.
Les aurores, ici observées dans le domaine UV, s’intensifient du côté nuit (en
haut à droite) de la magnétosphère. Crédits NASA
Le vent solaire peut également, mais beaucoup plus occasionnellement, produire des aurores
particulièrement intenses encore lorsqu’il compresse violemment la magnétosphère terrestre,
on parle alors d’orage géomagnétique, qui induit des sous-orages et des aurores
intenses descendant aux basses latitudes. C’est ce qui s’est passé lors de la journée du
10 mai,
lors de laquelle la morphologie des aurores dans l’animation de la figure 3 a été
photographiée par des sondes spatiales, et sur laquelle on voit bien des aurores brillantes
descendre
en deçà de 50° de latitude.
Fig. 3 – Animation des aurores boréales (haut)
et australes (bas) observées le 10 mai 2024 par les sondes
DMSP.La transition entre un ovale fin vers + 65° de latitude à un ovale
intense, large et atteignant des latitudes inférieures à 50°, est
spectaculaire. Crédits JhuAPL/NOAA
Deux jours auparavant, le Soleil avait émis une série de six éjections de masse coronale,
des bulles de plasma denses et rapides qui ont fusionné pour atteindre
la Terre à la mi-journée du 10 mai et provoquer un orage géomagnétique majeur (de
classe G5), le plus intense depuis 2003.
Fig. 4 – Éjections de masse coronale
capturée par la sonde spatiale SOHO. Crédits SOHO (ESA & NASA)
Heureux qui comme Ulysse
Ces orages auroraux sont donc directement liés à l’activité solaire et les deux prochaines
années, correspondant au prochain pic d’activité solaire,
devraient fournir leur lot d’éruptions solaires majeures : autant d’occasions
d’observer dans le ciel les manifestations de l’interaction
du champ magnétique de notre planète avec le vent de plasma de notre étoile. Les amateurs
peuvent suivre l’activité solaire et aurorale en temps réel
à l’aide de sites internet dédiés, tels que https://www.spaceweatherlive.com .
Mentionnons également que les émissions aurorales s’observent dans d’autres domaines de
longueur d’onde (radio à X) sur Terre et plus généralement
sur les planètes et étoiles magnétisées, dont elles permettent d’étudier la magnétosphère.
Elles ont été analysées en détail sur les planètes géantes
comme Saturne, Jupiter
ou Uranus avec des sondes polaires telles que Cassini/Juno ou le
télescope spatial Hubble,
ou pour des étoiles lointaines avec de grands radiotélescopes au sol.
Leur étude est un axe de recherche important à l’Observatoire de Paris.
Un risque pour l’industrie
Une conséquence plus concrète des compressions de la magnétosphère sondées par exemple par
l’observation des aurores est l’impact que l’activité solaire
peut avoir pour les activités humaines. L’observation et la prédiction de l’activité solaire
à la Terre a ainsi donné naissance à une discipline nommée météorologie de l’espace,
définie ainsi par l’Agence spatiale européenne : « La météorologie de l’espace
étudie les conditions environnementales dans la thermosphère, l’ionosphère, la magnétosphère
terrestres
causées par le Soleil et le vent solaire et qui peuvent affecter le fonctionnement et la
fiabilité de systèmes ou services au sol ou dans l’espace, ou mettre en danger les biens ou
la santé de l’homme. »
Différents acteurs de la recherche française sont impliqués sur ces aspects, qui dépassent
le cadre de cet article,
comme l’axe Environnement Spatial de la
Terre - Recherche et Surveillance (Esters) de l’Observatoire de Paris
ou l’organisation française
pour la recherche applicative en météorologie de l’espace.
en savoir plus
F. Mottez, Aurores polaires, la Terre sous le vent du Soleil, Belin,
2017.