novembre 2024# 217

Ce mois-ci

L’observation de la galaxie d’Andromède

La galaxie d’Andromède (en H-alpha).
La galaxie d’Andromède (en H-alpha). CC BY 2.0 A. Evans

Faisons une nouvelle fois une infidélité à notre système solaire, et aventurons-nous loin, nettement plus loin que notre banlieue planétaire, puisque nous vous proposons une petite excursion en dehors de notre propre galaxie.

En ce mois de novembre, la Terre ouvre grand sa fenêtre céleste vers notre proche banlieue galactique. C’est en effet dans le ciel d’automne que l’on peut observer tous les membres de l’amas local de galaxies dans lequel se trouve la Voie lactée, notre galaxie. C’est donc l’occasion de pouvoir admirer le membre poids lourd de cet amas en la personne de M31, la galaxie d’Andromède. Il s’agit d’un objet mythique de l’observation du ciel pour tout observateur de curiosités célestes. La galaxie d’Andromède est visible du mois d’août jusqu’au mois de janvier et elle passe au méridien, donc haut dans le ciel au-dessus de l’horizon sud vers 21 h 30 en Temps légal français le 15 novembre.

Qui verra-t-on ?

M31 n’est pas n’importe quelle galaxie dans le ciel automnal, et ce pour plusieurs raisons : c’est la galaxie spirale la plus proche de la Voie lactée, notre galaxie, et c’est aussi le membre le plus grand et le plus massif de notre amas local.

Rappelons que la Voie lactée fait partie d’un petit amas qui contient une soixantaine de galaxies, dont seulement 3 spirales, qui sont, par ordre de taille et de masse décroissante : M31, la galaxie d’Andromède, la Voie lactée et M33, la galaxie du Triangle. Toutes les autres galaxies sont de petites galaxies irrégulières. L’ensemble de ces galaxies tient dans un cube de 10 millions d’années-lumière de côté. M31 est située à environ 2,5 millions d’années-lumière de notre galaxie et M33 à environ 2,8 millions d’années-lumière.

M31 est une galaxie imposante : son diamètre est de l’ordre de 220 000 années-lumière et elle contiendrait 1 000 milliards d’étoiles, alors que la Voie lactée mesure quant à elle environ 120 000 années-lumière et contient entre 200 et 400 milliards d’étoiles. Quant à M33, elle contiendrait seulement 60 milliards d’étoiles et sa masse correspond à environ 5 % de celle de M31.

M31 est donc sans concurrence question taille et masse dans notre amas local.

Que verra-t-on ?

M31 est un objet du ciel profond hors norme ; c’est en effet, et de loin, l’objet le plus lointain visible à l’œil nu. Il s’agit d’une galaxie qui contient tellement d’étoiles que, malgré la coquette distance de 2,5 millions d’années-lumière, sa magnitude atteint 3,4. Rappelons que sous un ciel parfait, en montagne par exemple, l’œil humain est capable de distinguer des étoiles de magnitude 6. D’autre part, elle couvre une zone de ciel de près de 3 degrés, soit 6 fois la taille de la pleine lune ! Notons cependant que, s’il s’agit d’un objet grand, son éclat est assez dilué et il apparaît donc « vaporeux » et peu contrasté. De ce fait, il est tout à fait impossible de voir M31 en ville où la pollution lumineuse est trop forte ou lors d’une période de pleine lune. Il faudra donc disposer d’un ciel de campagne, sans lune, pour optimiser ses chances de l’observer. En novembre 2024, entre le 7 novembre et le 20 novembre, la Lune sera omniprésente dans le ciel (pleine lune le 15 novembre) ; on privilégiera donc les premières et dernières semaines du mois pour observer M31.

Pour la localiser dans le ciel, on repérera au préalable, en haut à gauche du carré de Pégase, la branche des 3 étoiles qui constituent la constellation d’Andromède, à savoir, en partant de l’est : γ qui porte le nom d’Almach, β, Mirach et α, Alpheratz. En partant de β, Mirach, on note en remontant vers le nord deux étoiles plus faibles ; il s’agit de μ et ν d’Andromède. M31 est située à un peu plus de 1° (deux fois le diamètre lunaire) au nord-ouest (un peu en haut à droite) de ν Andromède.

Carte céleste de la galaxie d’Andromède.
Carte céleste de la galaxie d’Andromède. CC BY 3.0 IAU and Sky & Telescope

À l’œil nu, avec un ciel moyen, la galaxie n’est pas évidente. Il faudra peut-être recourir à la vision décalée. Cette pratique consiste à regarder « un peu à côté » de l’objet que l’on cherche ; en pratiquant de la sorte, on sollicite les bâtonnets disposés à la périphérie du fond de l’œil, bâtonnets qui sont bien plus sensibles que les cônes, sollicités en vision directe. Cette méthode permet de distinguer des objets plus faibles que si l’on regarde en vision directe.

Pour M31, on parvient dès lors à distinguer comme un petit haricot de lumière grise. Il s’agit non pas de la galaxie tout entière, mais juste de son bulbe central, zone de loin la plus brillante de la galaxie. Même s’il s’agit d’une très belle performance visuelle (voir une galaxie à plus de 2 millions d’al), on n’ira guère plus loin. Pour en voir plus, il faut s’équiper de jumelles, idéalement 10 × 50 (grossissement de 10 fois et lentilles de 50 mm de diamètre). Ainsi équipé, l’observateur accède à une image passionnante, car cette optique, bien que modeste, permet d’appréhender quasiment l’ensemble de l’objet. On retrouve le centre qui prend la forme d’un micro ballon de rugby et on note que ce noyau baigne dans un grand halo très allongé et bien plus faible de lumière blanchâtre. Ce halo est constitué par les spirales, dont on ne perçoit pas la forme spiralée dans les jumelles, mais seulement un voile très faible. Pour autant, il s’agit d’une très belle observation, car on accède à une image pas si éloignée des belles photos. Pour les plus expérimentés qui veulent élargir leur champ de vision, l’autre spirale, M33, est visible un peu plus au sud dans la constellation du Triangle. Vue quasi de face, elle est inaccessible à l’œil nu, car nettement moins brillante et contrastée. De simples jumelles 8 × 30, ou mieux, 10 × 50, permettent de la voir sous la forme d’une tache grise et floue. Enfin, les deux membres les plus intéressants des galaxies irrégulières sont NGC 147 et NGC 185, deux objets encore plus faibles (magnitude ~ 9,5) situés à environ 8° plus au nord, dans la constellation de Cassiopée.

Revenons à l’observation de M31 : on savourera cette image plus encore en intégrant le fait que les photons perçus par nos yeux ont parcouru 2,5 millions d’al, ce qui signifie aussi, car l’année-lumière est une unité de mesure de distance, et par conséquent de temps, que lesdits photons sont partis de M31 il y a 2,5 millions d’années, alors que les premiers outils en pierre étaient utilisés par nos ancêtres. La galaxie M31 que vous observerez donc à l’œil nu ou aux jumelles dans les jours qui viennent n’est pas celle qui existe aujourd’hui, mais bien celle d’il y a 2,5 millions d’années. Quant à la M31 d’aujourd’hui, ce sont nos arrières arrières arrières… petits enfants qui pourront l’observer, dans… 2,5 millions d’années.

ciel du mois

Phénomènes astronomiques

Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension droite.
Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.

1er novembre

13 h 47 min 09 s Nouvelle lune.

3 novembre

7 h 22 min 25 s Élongation minimale entre la Lune et Mercure, élongation : 2° 02,19′, élongation de la Lune au Soleil : 19° E.

5 novembre

0 h 42 min 15 s Élongation minimale entre la Lune et Vénus, élongation : 3° 05,36′, élongation de la Lune au Soleil : 39° E.

18 h 09 min 41 s Déclinaison minimale de la Lune : − 28° 35′.

9 novembre

6 h 55 min 29 s Premier quartier de lune.

11 novembre

2 h 38 min 53 s Élongation minimale entre la Lune et Saturne, élongation : 0° 04,74′, élongation de la Lune au Soleil : 114° E.

12 novembre

2 h 55 min 51 s Élongation minimale entre la Lune et Neptune, élongation : 0° 32,78′, élongation de la Lune au Soleil : 127° E.

14 novembre

12 h 15 min 43 s Lune au périgée, distance à la Terre : 360 109 km, diamètre apparent de la Lune : 33,17′.

15 novembre

22 h 28 min 31 s Pleine lune.

16 novembre

0 h 08 min 36 s Élongation minimale entre la Lune et Uranus, élongation : 4° 10,11′, élongation de la Lune au Soleil : 179° O.

5 h 40 min 16 s Saturne est stationnaire dans la constellation du Verseau.

9 h 09 min 21 s Mercure en plus grande élongation : 22° 33′ E.

17 novembre

0 h 04 min 06 s Uranus au périgée, distance à la Terre : 18,572 17 au, diamètre apparent : 3,79″.

3 h 44 min 39 s Opposition de Uranus, distance à la Terre : 18,572 19 au.

14 h 53 min 00 s Élongation minimale entre la Lune et Jupiter, élongation : 5° 36,54′, élongation de la Lune au Soleil : 157° O.

18 novembre

11 h 19 min 13 s Déclinaison maximale de la Lune : + 28° 32′.

20 novembre

23 h 28 min 03 s Élongation minimale entre la Lune et Mars, élongation : 2° 19,94′, élongation de la Lune au Soleil : 115° O.

23 novembre

2 h 27 min 56 s Dernier quartier de lune.

26 novembre

5 h 26 min 29 s Mercure est stationnaire dans la constellation d’Ophiuchus.

12 h 55 min 54 s Lune à l’apogée, distance à la Terre : 405 314 km, diamètre apparent de la Lune : 29,47′.

Visibilité de la Lune et des planètes

Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations voisines. L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 novembre 2024 à 22 h 00 UTC.

  • La Lune

    La Lune

    La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en approximativement 28 jours : c’est pourquoi l’on ne voit toujours que la même face de la Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre, la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au Soleil : le premier quartier, la pleine lune, le dernier quartier et la nouvelle lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les 29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.

    Invisible du matin du 31 octobre
    au soir du 4 novembre

    1Nouvelle lune
    9Premier quartier
    15Pleine lune
    23Dernier quartier
  • Mercure

    Mercure le 16 novembre 2024

    Mercure

    Mercure n’est pas visible au mois de novembre. Elle est dans la constellation de la Balance jusqu’au 2 novembre, date à laquelle elle entre dans la constellation du Scorpion, qu’elle quitte le 9 novembre pour faire un court passage dans la constellation d’Ophiuchus jusqu’au 12 novembre, puis elle est de nouveau dans la constellation du Scorpion jusqu’au 14 novembre, date à laquelle elle retourne dans la constellation d’Ophiuchus. Le 16 novembre, elle est en plus grande élongation Est (22° 33′). Son mouvement est direct jusqu’au 26 novembre, date à laquelle il devient stationnaire puis rétrograde.

    Diamètre apparent : 6,7″

    Magnitude : − 0,27

    non visible
    à l’œil nu
    non visible
    aux jumelles
    non visible
    au télescope
  • Vénus

    Vénus le 16 novembre 2024

    Vénus

    Vénus est visible le soir au crépuscule et en première partie de nuit. Au cours du mois, elle se couche de plus en plus tard. Elle est dans la constellation d’Ophiuchus jusqu’au 9 novembre, date à laquelle elle entre dans la constellation du Sagittaire. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 15,6″

    Magnitude : − 4,09

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Mars

    Mars le 16 novembre 2024

    Mars

    Mars est visible une très grande partie de la nuit et à l’aube. Durant le mois, elle se lève de plus en plus tôt. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Cancer. Tout le mois, son mouvement est direct.

    Diamètre apparent : 10,4″

    Magnitude : − 0,22

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Jupiter

    Jupiter le 16 novembre 2024

    Jupiter

    Jupiter est visible une très grande partie de la nuit et à l’aube. À partir du 26 novembre, date de son lever héliaque du soir à Paris, elle est visible toute la nuit. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement est rétrograde.

    Diamètre apparent : 47,5″

    Magnitude : − 2,78

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Saturne

    Saturne le 16 novembre 2024

    Saturne

    Saturne est visible au crépuscule et une grande partie de la nuit. Au cours du mois, elle se couche de plus en plus tôt en seconde partie de nuit et à partir du 30 novembre, elle se couche avant minuit vrai. Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Verseau. Son mouvement est rétrograde jusqu’au 16 novembre, date à laquelle il devient stationnaire puis direct.

    Diamètre apparent : 17,9″

    Magnitude : 0,87

    visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Uranus

    Uranus le 16 novembre 2024

    Uranus

    En début de mois, Uranus est visible une grande partie de la nuit et à l’aube. À partir du 14 novembre, date de son lever achronique du soir à Paris, elle est visible toute la nuit. Puis à partir du 18 novembre, date de son coucher héliaque du matin à Paris, elle se couche avant le lever du Soleil. Le 17 novembre, elle est en opposition, son diamètre apparent est de 3,8″ et sa distance à la Terre est de 18,572 17 au. Elle est tout le mois dans la constellation du Taureau. Tout le mois, son mouvement rétrograde.

    Diamètre apparent : 3,8″

    Magnitude : 5,61

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Neptune

    Neptune le 16 novembre 2024

    Neptune

    Neptune est visible le soir et une grande partie de la nuit. Au cours du mois, elle se couche de plus en plus tôt en seconde partie de nuit. Elle est tout le mois dans la constellation du Verseau.

    Diamètre apparent : 2,3″

    Magnitude : 7,85

    non visible
    à l’œil nu
    visible
    aux jumelles
    visible
    au télescope
  • Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    icone portail ssp

    Portail des formulaires de calcul de l’IMCCE

    N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.

Cartes du ciel

Cartes du ciel des étoiles brillantes et des planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 novembre 2024.

  • Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français (UTC + 1 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord, au 15 novembre 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français (UTC + 1 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud, au 15 novembre 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord, au 15 novembre 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du nord. Crédits IMCCE
  • Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local à La Réunion (UTC + 4 h)

    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud, au 15 novembre 2024
    Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction du sud. Crédits IMCCE
  • Vue dans le plan de l’écliptique

    Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en début de nuit selon leur élongation et leur magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 novembre 2024.

    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024
    Position de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024. Crédits IMCCE
    Déplacement de la Lune et des planètes dans le plan de l’écliptique au cours du mois de novembre 2024. Crédits IMCCE
  • Positions héliocentriques des planètes

    Les figures suivantes montrent la configuration dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024. Sur chaque orbite des planètes intérieures, l’intersection du segment et de l’orbite marque la position de la planète au premier jour du mois, et l’extrémité de la flèche marque celle au dernier jour du mois.

    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024
    Positions héliocentriques des planètes intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024. Crédits IMCCE
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024
    Positions héliocentriques des planètes extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 novembre 2024. Crédits IMCCE

culture astronomique

L’IMCCE sera présent aux Rencontres du ciel et de l’espace !

Affiche des Rencontres du ciel et de l’espace 2024
Affiche des Rencontres du ciel et de l’espace 2024. Crédits AFA

Cette année encore nous tiendrons un stand aux Rencontres du ciel et de l’espace qui se dérouleront les 9, 10 et 11 novembre à la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette.

Présents sur le stand n° 11, en compagnie de l’Unité Formation et Enseignement de l’Observatoire de Paris, nous serons disponibles pour discuter avec vous de nos activités de recherche et des services que l’on propose à l’ensemble de la communauté astronomique. Vous pourrez ainsi consulter nos ouvrages, être guidés dans la découverte et l’utilisation des formulaires de calcul.

Ces rencontres sont aussi pour nous l’occasion d’intervenir sur plusieurs sujets.

Samedi 9 novembre

  • 17 h 30

    Amphithéâtre Louis Armand Les comètes, des croyances à leur exploration, par Lucie Maquet.

Dimanche 10 novembre

  • 10 h 30

    Amphithéâtre Gaston Berger, Les marées dans le Système de Saturne, par Valéry Lainey.

  • 11 h 45

    Amphithéâtre Louis Armand, Les étoiles filantes : l’astronomie sans instrument, par Jérémie Vaubaillon.

  • 18 h 00

    Cours du soir de l’Observatoire de Paris : l’astronomie niveau bac et plus, par Jérémie Vaubaillon.

Lundi 11 novembre

  • Programmes d’observations d’occultations Lucky Star et GaiaMoons, par Josselin Desmars, Raphaël Lallemand.

  • 16 h 30

    API ProAm, par Vincent Robert.

science en direct

Retrouver le passé de la Lune et la durée du jour dans les forages géologiques profonds

Yujing Wu.
Yujing Wu. Crédits Y. Wu

Yujing Wu est géologue. Elle a soutenu sa thèse à l’Université de Beijing en Chine en décembre 2023, et a rejoint aussitôt l’IMCCE dans le cadre du projet interdisciplinaire AstroGeo, coordonné par Jacques Laskar, et qui bénéficie d’un financement ERC de l’Union européenne.

AstroGeo vise à retrouver le passé de l’évolution de la Terre et du Système solaire, en combinant les études théoriques de mécanique céleste et de géophysique avec les données apportées par les études géologiques sur l’analyse des couches sédimentaires, sur de très longues périodes de temps.

En effet, le mouvement des planètes et celui de la Lune affectent le climat de la Terre sur des périodes de quelques dizaines de milliers d’années à plusieurs millions d’années. Ce sont les cycles de Milankovitch, du nom de l’astronome serbe qui a publié en 1941 une théorie de l’insolation pouvant expliquer les périodes glaciaires du quaternaire. Très schématiquement, les planètes se perturbent entre elles par interaction gravitationnelle, et la déformation induite de l’orbite de la Terre, ainsi que la précession et les oscillations de son axe, entrainent sur Terre des changements climatiques qui conduisent à des variations dans la nature des sédiments marins. L’analyse de ces couches sédimentaires permet alors de retrouver l’état passé de la Terre, et en particulier, dans le cas des travaux de Yujing Wu, de retrouver la distance Terre-Lune et la durée du jour.

En parallèle, durant son travail de thèse au sein de l’équipe AstroGeo, Mohammad Farhat a élaboré un modèle prenant en compte les effets de marée dissipatifs dans le système Terre-Lune, pour retrouver d’une autre manière l’histoire passée de la durée du jour et de la distance Terre-Lune (Farhat et al., 2022). Volontairement, pour élaborer ce modèle, les chercheurs n’ont pas utilisé les données géologiques, mais seulement les éléments très bien connus que sont l’âge de la Lune (4,425 Ga) et la vitesse actuelle de l’éloignement de la Lune (3,83 cm/an).

Lors la publication de ce modèle, fin 2022, seulement une dizaine de données géologiques pouvaient être comparées aux calculs du modèle théorique, mais depuis la parution du modèle, les géologues se sont évertués à trouver de nouvelles données pour les comparer au modèle théorique développé au sein de l’IMCCE. Le travail de thèse de Yujing Wu y participe, et présente sans doute à ce jour l’analyse la plus complète de ces données géologiques.

Dans ce travail qui vient de paraitre dans Sciences Advances, Yujing a analysé 34 séries stratigraphiques, en cherchant à déterminer de la façon la plus précise possible la vitesse de précession de l’axe de la Terre de l’époque, ce qui se manifeste par des cyclicités de l’ordre de 20 000 ans dans les séries sédimentaires. Elle en déduit alors la durée du jour de l’époque, ainsi que la distance Terre-Lune (points rouges et roses sur la figure ci-dessous).

Sur la figure est aussi tracée en bleu la solution (Farhat et al, 2022) obtenue de manière totalement indépendante à l’IMCCE. On constate un excellent accord entre les deux sur une très longue période de plus de 500 millions d’années (Ma) à partir de la date actuelle. En particulier, le modèle de l’IMCCE prédit un comportement en marche d’escalier résultant de l’existence de résonances dans la dissipation océanique, qui amplifie celle-ci sur des périodes brèves pendant lesquelles l’éloignement de la Lune est plus rapide.

Au-delà de 500 Ma, on peut noter une différence entre le modèle théorique et les observations géologiques, sans que l’on puisse dire à ce jour d’où proviennent ces divergences.

Estimation géologique (en rouge et rose) de la distance Terre-Lune et de la durée du jour au cours des derniers 650 Ma (Wu et al., 2024). 
									Comparaison au modèle théorique de l’équipe AstroGeo de l’IMCCE (en bleu) (Farhat et al., 2022).
Estimation géologique (en rouge et rose) de la distance Terre-Lune et de la durée du jour au cours des derniers 650 Ma (Wu et al., 2024). Comparaison au modèle théorique de l’équipe AstroGeo de l’IMCCE (en bleu) (Farhat et al., 2022). Crédits Y. Wu

Dans les années qui viennent, de tels travaux vont se multiplier, qui permettront de mieux comprendre l’évolution passée du système Terre-Lune. Grâce à son approche pluridisciplinaire, alliant astronomes, géologues, et géophysiciens, l’équipe AstroGeo de l’IMCCE est au premier plan mondial de ces recherches.

Retour sur l’occultation d’une étoile par (5044) Shestaka du 23 octobre

Distribution des positions.
Distribution des positions. Crédits R. Lallemand

Nous vous la présentions le mois dernier, voici les premiers résultats de l’occultation de (5044) Shestaka qui a eu lieu le 23 octobre dernier.

Cette campagne d’observation a été un véritable succès, mobilisant 41 observateurs à travers l’Europe, du Portugal aux Pays-Bas.

Au total, 29 stations ont enregistré des données, dont une dizaine provenant de notre laboratoire : c’est la campagne avec la plus grande envergure dans le cadre du projet GAIAMOONS.

Parmi ces stations, 6 ont réussi à capturer une observation positive concernant l’astéroïde de 6 km, tandis que 12 ont enregistré une corde négative. Enfin, 10 stations sont encore en cours d’analyse et nécessitent une étude plus approfondie.

L’analyse de ces données permettra de découvrir si un satellite se cache autour de notre cible et a minima de déterminer avec précision sa position et sa forme !

Ce bilan encourageant souligne l’engagement et la collaboration de tous les participants dans cette aventure scientifique.

Projection sur le plan céleste des différentes observations de (5044) Shestaka au moment de l'occultation.
Projection sur le plan céleste des différentes observations de (5044) Shestaka au moment de l’occultation. Crédits R. Lallemand

Séminaires & conférences

  • Temps – Espace – Société

    Mercredi 6 novembre 2024 – 11 h 00

    Understanding how the sky is falling on our heads

    Patrick Shober (IMCCE/Observatoire de Paris)

    Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris

    Dans le cadre du plan Vigipirate, merci aux extérieurs de l’Observatoire de Paris de bien vouloir s’inscrire à l’avance sur le site indico

  • Bureau des longitudes

    Mercredi 6 novembre 2024 – 14 h 30

    La planète Mars : dernières découvertes et nouvelles énigmes

    François Forget (CNRS, LMD, Académie des sciences)

    École normale supérieure, salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

    Entrée libre. Renseignements par téléphone au 06 11 27 71 83
    ou par mail à l’adresse renseignements@bureau-des-longitudes.fr

Astro en images

Comètes, aurores boréales : comment détecter le faux du vrai ?

Au-dessus de Troyes, en route vers paris à 8 000 m d’altitude,le 15 octobre à 20 h.
Au-dessus de Troyes, en route vers paris à 8 000 m d’altitude, le 15 octobre à 20 h. Crédits C. Mercier

Le ciel de ce mois a été riche de couleurs et d’images. Ces phénomènes majestueux ont été recherchés par les uns et ont surpris les autres.

Pour tous ceux qui n’ont pas pu les observer directement, il y a la consolation des images prises par les nombreux photographes amateurs et professionnels.

Nous partageons avec vous certaines de ces images que nous avons reçues.

Les aurores boréales

Aurores boréales en Eure-et-Loire le 10 octobre 2024.
Aurores boréales en Eure-et-Loire le 10 octobre 2024. Crédits L. Maquet
Aurores boréales en Eure-et-Loire le 10 octobre 2024.
Aurores boréales en Eure-et-Loire le 10 octobre 2024. Crédits L. Maquet

La comète C/2023 A3 (Tsuchinshan-ATLAS)

Sony A7R5 + Sony 20mm/1.8 4s. f/4 1600 iso - Nièvre (Montenoison).
Sony A7R5 + Sony 20mm/1.8 4s. f/4 1600 iso - Nièvre (Montenoison). Crédits P. Chancy
Sony A7R5 + Sony 70/200mm/2.8 1,5s. f/2.8 6400 iso - Nièvre (Montenoison).
Sony A7R5 + Sony 70/200mm/2.8 1,5s. f/2.8 6400 iso - Nièvre (Montenoison). Crédits P. Chancy
Photo prise à 47°34′28.9″N 2°13′21.2″W le 17/10/2024, 21h17, vitesse et sensibilité ISO au 55mm à F/3.5.
Photo prise au 48.4mm à F/4 à 2000 ISO et 4 secondes de pose avec un Fuji X-T3, lieu : 47°34′28.9″N 2°13′21.2″W le 17/10/2024, 21h17. Crédits Ch. Berthelot

La comète a été l’occasion d’une diffusion massive d’images de comètes, ce qui n’arrive pas tous les jours ! Elle est l’occasion pour nous de revenir sur un phénomène qui a toujours existé, mais qui se développe, celui des fausses images. L’IA a la capacité de créer tout… et n’importe quoi. L’homme, quant à lui, a la capacité de diffuser tout… et n’importe quoi.

Nous avons ainsi vu des images de comètes qui étaient celles d’autres comètes, voire qui n’étaient pas des comètes.

Nous avons en particulier repéré le site suivant qui, s’il apporte des informations intéressantes sur l’observation de la comète, a la particularité de relayer 3 fausses images…

La première caractéristique qui interpelle est le temps qu’il a fait au-dessus de Paris et même de toute la France métropolitaine pendant la première moitié d’octobre : des nuages partout, sauf depuis l’altitude des vols commerciaux (voir photo de Claude Mercier). Ensuite, tout comme la partie éclairée de la Lune visible depuis la Terre pointe dans la direction du Soleil, la queue de poussières d’une comète est dans la direction opposée à celle de notre étoile, même si elle est observée depuis le sol. Est-ce le cas ici ? Enfin, les observateurs du ciel les plus attentifs ou les plus passionnés sauront différencier l’apparence des comètes entre elles, qui ne sont pas toutes les mêmes : à chaque comète son petit nom, sa longueur de chevelure, l’intensité de sa brillance, la direction de la queue de plasma selon sa position par rapport au Soleil.

Nous vous invitons à vous émerveiller des phénomènes célestes, c’est même le propos de notre lettre que de vous y accompagner, mais pour ce qui est des données célestes comme des terrestres, nous vous invitons à garder l’esprit vif et critique !

Et si vous avez une question, l’IMCCE a un Service de calculs astronomiques et de renseignements (SCAR) ! Posez vos questions !