Le phénomène des mois de juillet et d’août : l’observation du Triangle d’été

En juillet-août, le solstice d’été est passé depuis quelques jours, quelques semaines : c’est la période des douces soirées qui s’éternisent jusque vers 23 h 00 avant que la nuit ne tombe. C’est aussi la période des vacances, du temps libre… Peut-être l’occasion de prendre ce temps qui nous manque le reste de l’année, pour enfin contempler à l’envi ce beau ciel étoilé, qui constamment nous tend les bras, mais que nous négligeons, soit par manque de temps, soit parce qu’il fait trop froid.
Le ciel urbain et sa pollution lumineuse n’étant guère synonymes de ciel étoilé, c’est sous un beau ciel de campagne que l’on fera les plus belles observations du ciel d’été (tout comme le reste de l’année au demeurant…).
En levant la tête vers le sommet de la voûte céleste, notre regard est attiré par une magnifique étoile blanc bleuté. Il s’agit de Véga, cinquième étoile la plus brillante du ciel (magnitude 0). Située à 25 al du Soleil, c’est l’étoile la plus brillante de la constellation de la Lyre. Véga est accompagnée par un petit parallélogramme de quatre étoiles de magnitude proche de 4, l’ensemble de ces 5 étoiles dessinant la petite harpe, bien visible, car toujours très haute dans le ciel.
Légèrement au sud-est de Véga brille une belle étoile bleue : il s’agit de Deneb, l’étoile la plus brillante de la constellation du Cygne. Deneb est certes légèrement moins brillante à l’œil nu que Véga, mais on imaginera la puissance réelle de son rayonnement en apprenant qu’elle est située à 1 550 al du Soleil, soit 62 fois plus loin que Véga, ce qui en fait l’une des étoiles les plus éloignées qui soient visibles à l’œil nu. Deneb est une supergéante bleue : 200 fois plus grosse que notre Soleil, elle finira sa vie en supernova.
Cette très belle constellation du Cygne est l’une des rares qui ressemble au nom qu’elle porte. Parfois, on l’appelle aussi la Croix du Nord, par opposition avec la célèbre, petite et magnifique constellation de la Croix du Sud. La branche nord-ouest/sud-est dessine les deux grandes ailes déployées (le grand oiseau est censé nous survoler, nous le voyons donc de dessous), tandis que la branche est/ouest dessine le corps allongé, avec à l’est (à gauche) Deneb, la queue du Cygne, et à l’ouest (à droite) Albiréo, le bec du palmipède. Notons qu’Albiréo, β Cygnii, est l’une des plus belles étoiles doubles qui soient visibles dans un petit instrument d’astronomie, matériel dans lequel elle dévoile ses deux composantes colorées, l’une jaune, l’autre bleue ou verte, selon les observateurs. Si l’on admire Véga et Deneb quasi au zénith, l’œil remarquera, le regard descendant vers le sud, une troisième étoile d’éclat assez proche des deux autres, mais située à mi-hauteur (environ 55° au-dessus de l’horizon) : il s’agit d’Altaïr, une magnifique étoile blanche, la plus brillante de la constellation de l’Aigle. À nouveau un grand oiseau, et qui nous survole aussi, mais cette fois d’ouest en est (le Cygne file, lui, vers l’ouest…). Altaïr est située à 16 al du Soleil, c’est donc la plus proche des trois. Elle représente l’œil de l’Aigle. Elle est entourée par deux étoiles d’éclat semblable qui forment respectivement son front et son bec.
Si l’on relie Véga de la Lyre, Deneb du Cygne et Altaïr de l’Aigle, on voit se dessiner un gigantesque triangle presque isocèle appelé le Grand Triangle d’été, un triangle dont la base est constituée par le segment Véga-Deneb et dont Altaïr marque le sommet, un sommet dirigé vers le bas lorsque le Triangle d’été est au méridien. Notons que, quelles que soient la date et l’heure de l’observation, ce sommet (Altaïr) pointe toujours vers l’horizon sud ; savoir qui se révèle très utile pour qui veut s’orienter la nuit.
Le Triangle d’été est visible dans le ciel de mai à novembre, mais c’est au cours des trois mois d’été qu’il est visible toute la nuit. Outre sa beauté majestueuse, le Grand Triangle d’été offre une aide précieuse pour localiser la Voie lactée : si le ciel est noir et sans Lune, on remarque en effet que le Cygne, ainsi que l’Aigle, baignent dans la douce lueur d’une arche faiblement lumineuse qui part de l’horizon nord-est, passe non loin du zénith, puis va rejoindre le point cardinal sud : c’est la Voie lactée, qui correspond à la vue intérieure de notre galaxie.