Pour le curieux qui découvre le ciel, cet événement sera l’occasion de repérer facilement un amas incontournable du ciel d’hiver. Ce magnifique spectacle sera animé par deux acteurs bien différents.
La Lune
La Lune est l’astre céleste le plus proche de la Terre. Elle est bien banale pour la plupart des êtres humains. C’est une erreur. La Lune et la Terre ont une histoire commune, née d’une rencontre cataclysmique. Selon la théorie la plus en vogue, quelques dizaines de millions d’années après sa formation, la Terre aurait été percutée par un objet appelé Théia de la taille de Mars. La violence du choc aurait pulvérisé Théia et arraché une petite partie du manteau terrestre. Le nuage de matériaux résultant de cet impact se serait mis en orbite autour de la Terre, puis condensé pour former la Lune. Ce scénario est l’un des seuls capables de justifier deux anomalies de la Lune par rapport à tous les autres satellites planétaires : son diamètre anormalement élevé (environ 27 % du diamètre terrestre lorsque les autres satellites représentent moins de 5 % du diamètre de leur planète hôte) et son orbite très proche de la Terre, en moyenne à 400 000 km. Cette proximité nous permet de voir à l’œil nu la surface d’une petite planète rocheuse. La chose n’est donc pas banale. Dernière précision : cette proximité a stabilisé l’axe de rotation de la Terre, et provoqué le phénomène des marées, deux éléments qui ont pu aider à l’apparition de la vie.
Les Pléiades
Les Pléiades sont un amas ouvert constitué par une association d’environ 3 000 jeunes étoiles qui se sont formées ensemble il y a un peu plus de 100 millions d’années. Si cet âge peut paraître vénérable pour un homme, on rappellera que le Soleil a déjà vécu un peu plus de 5 milliards d’années et qu’il lui en reste autant à vivre. Situé à environ 440 années-lumière du Soleil, l’amas couvre environ 2° dans le ciel (4 fois le diamètre lunaire) et un œil humain peut distinguer entre 7 et 12 étoiles pour les plus aguerris. Point n’est besoin d’un gros télescope pour admirer ce bijou stellaire : les Pléiades sont absolument splendides dans de simples jumelles.
En tournant en environ 28 jours autour de la Terre, la Lune nous montre une portion de sa surface plus ou moins éclairée par le Soleil : ce sont les phases de la Lune. En ce mardi 1er avril 2025, la dernière nouvelle lune ayant eut lieu le 29 mars 2025, notre satellite sera visible sous la forme d’un très fin croissant penché vers les lueurs du couchant. La Lune commencera à être visible environ 30 minutes après le coucher de Soleil. Elle sera à ce moment-là à 35° au-dessus de l’horizon ouest, donc encore très haute dans le ciel. Un degré (2 fois son diamètre) la séparera encore des Pléiades situées plus au nord (en haut à gauche). Dès ce moment aux lueurs du couchant, la Lune traversera l’amas et occultera la plupart de ses étoiles principales. Electra sera éclipsée la première, vers 22 h 53 TLF depuis Paris. Atlas le sera en dernier, mais à ce moment les Pléiades pourraient déjà être couchées, selon de votre lieu d'observation.
Ce spectacle aura un grand intérêt pour tout observateur, celui de mettre en évidence deux mouvements bien distincts de la mécanique céleste :
- Le premier sera la simple rotation de la Terre sur elle-même en 24 heures par rapport au Soleil et qui verra les acteurs se rapprocher lentement de l’horizon, puis se coucher. C’est l’un des mouvements les plus connus, puisque c’est celui qui provoque le mouvement du Soleil dans le ciel.
- Le mouvement de la Lune par rapport aux Pléiades sera beaucoup plus intéressant. On a compris dans le texte ci-dessus que la Lune traversera l’ensemble de l’amas. Ce mouvement est dû à la rotation de la Lune autour de la Terre en environ 28 jours. Lorsque la Lune est haute dans le ciel et située dans une région pauvre en étoiles, elle nous paraît immobile et semble simplement accompagner les étoiles d’est en ouest. Or, elle est bien douée d’un mouvement, certes lent, mais vrai, par rapport aux étoiles : celui de son mouvement autour de la Terre qui la fait bouger devant les étoiles. Cette conjonction du 1er avril est une belle occasion de constater ce mouvement au fil des minutes, puisque l’arrière-plan devant lequel se meut la Lune sera parsemé des étoiles très rapprochées au sein des Pléiades.
Que verra-t-on ?
Les deux astres seront à rechercher assez haut dans le ciel au-dessus de l’horizon ouest 30 minutes après le coucher du Soleil.

Si le phénomène sera bien sûr observable à l’œil nu, il sera beaucoup plus intéressant et esthétique à observer dans de petits instruments : jumelles ou petite lunette astronomique seront idéales, car elles offriront un champ large permettant d’admirer le lent rapprochement. L’événement étant relativement long, il sera plus aisé et confortable si les jumelles sont installées sur un pied. De même, pour l’occultation des étoiles principales, un instrument – lunette ou petit télescope – sur une monture est souhaitable, car bien plus stable et permettant un suivi, qui, même s’il est manuel, sera suffisant.
Le phénomène ravira les astrophotographes qui auront l’occasion de multiplier les très beaux clichés, que ce soit avec des téléobjectifs (image grand champ) ou au foyer de leur lunette ou télescope (image resserrée).
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