Bonjour à toutes et à tous, ce mois-ci ne soyez pas surpris, le ciel du mois n’a pas
disparu, il est juste en bas de la lettre ! N’oubliez pas que ci-dessus, le sommaire
vous
permet de circuler dans la lettre sans avoir à tout faire défiler.
Bonne lecture !
Ce mois-ci
Mars effleure l’amas de la Crèche
Si M44 contient quelques géantes rouges, ses étoiles les
plus brillantes sont des étoiles chaudes, de couleur blanc bleuté, de la séquence
principale.(télescope de Newton de 200 mm de diamètre et 800 mm de distance focale)
CC BY-SA 4.0 F. Lauterbach
Le 12 janvier dernier, Mars passait par le point de son orbite le plus proche de la Terre
(appelé le périgée), à environ 96 millions de kilomètres.
La planète rouge présentait alors un diamètre apparent respectable de près de 15 secondes
d’arc permettant de déceler à sa surface les plus grandes formations.
Depuis, Mars s’éloigne de nous et, par conséquent, son diamètre décroît. Progressivement, notre
voisine devient un peu moins intéressante à observer avec des instruments d’amateurs.
Début mai cependant, elle donnera lieu à un très joli spectacle, facilement accessible, dont il
serait dommage de se priver. Mars passera en effet juste au-dessus du très célèbre amas
de la Crèche et effleurera les étoiles de sa périphérie.
Messier 44 : un amas stellaire jeune et proche
Messier 44, surnommé l’amas de la Crèche (Praesepe en latin) ou encore l’amas de
la Ruche, est un amas ouvert contenant près d’un millier de jeunes étoiles nées il y a
environ 700 millions d’années,
soit seulement 15 % de l’âge de notre Soleil. Sa distance est de l’ordre de
600 années-lumière, ce qui en fait l’un des amas ouverts les plus proches de nous. Son
âge, sa distance, mais également
la direction de son mouvement propre, laissent à penser qu’il provient de la même nébuleuse
gazeuse qu’un autre amas ouvert célèbre, situé dans la constellation du Taureau : les
Hyades.
Messier 44 se trouve au beau milieu de la constellation du Cancer. Cette discrète
constellation zodiacale est bordée par les constellations du Lion (à l’est) et des Gémeaux
(à l’ouest).
Sa forme ressemble à un « Y » à l’envers, d’une envergure de près de 20°. Au
centre des trois branches de ce « Y », quatre étoiles forment un quadrilatère
d’environ 2,5° de côté :
δ Cnc, γ Cnc, η Cnc et θ Cnc. Si les deux premières, respectivement de
magnitude 3,9 et 4,7, sont aisément perceptibles à l’œil nu, il est préférable d’utiliser
des jumelles pour voir les deux dernières,
de magnitude 5,3, qui forment le côté droit du rectangle. Dans des jumelles grossissant
10 fois, ce quadrilatère tient entièrement dans le champ de vision. On y distingue
immédiatement, comme enfermé à l’intérieur, M44, légèrement excentré vers l’est.
Forts grossissements s’abstenir !
Compte tenu de sa relative proximité, M44 présente une taille apparente considérable de
1,5°, soit l’équivalent de 3 fois la pleine lune. Sous un ciel bien noir et grâce à sa
magnitude de 3,1,
il apparaît à l’œil nu sous l’aspect d’une large tache pâle et blanchâtre. Autant dire que
pour admirer cet objet étendu du ciel profond, il est inutile, et même déconseillé,
d’employer des instruments
à longue focale procurant des grossissements élevés. On ne verrait alors qu’une partie des
étoiles qui constituent l’amas sans pouvoir apprécier l’esthétique générale de l’ensemble.
Cela reviendrait à vouloir admirer un tableau de maître en collant son nez sur la
toile !
Des jumelles grossissant de 7 à 10 fois sont un instrument idéal pour apprécier la
beauté de ce joyau. Elles suffisent à transformer la tache diffuse perçue à l’œil nu en
plusieurs dizaines d’étoiles serrées
dont la plupart affichent une magnitude de 6 à 6,5. Pour une expérience encore plus
saisissante, on peut recourir à une lunette ou un télescope, à condition d’utiliser un
faible grossissement (inférieur à 40 fois),
de telle sorte que l’amas occupe le champ visuel apparent sans toutefois le dépasser. Citons
quelques exemples de configurations bien adaptées à cette observation : une lunette de
70/700 ou un télescope de 150/750
muni d’un oculaire de 20 mm ; un télescope de 114/900 ou de 200/1000 avec un
oculaire de 25 mm (ces exemples de configurations sont établis pour des oculaires
classiques dont le champ apparent est de 45°/50°
– type Plössl ou Super Plössl. Des oculaires à champ plus large permettront d’englober
l’amas avec des grossissements supérieurs). Les étoiles apparaîtront alors bien plus
nombreuses encore (entre 100 et 200), brillantes,
pour l’essentiel, d’un magnifique blanc bleuté.
Rapprochement serré avec Mars les 4 et 5 mai
Position de Mars par rapport à l’amas de la
crèche (M44) les 4 et 5 mai 2025 aux environs de 23 h (Temps légal
français). Crédits Stellarium (légendes É. Evrard)
Sa proximité avec l’écliptique (à peine plus de 1°) vaut à Messier 44 d’être
« visité » de temps à autre par les astres de notre système solaire. C’est
précisément ce que fera Mars début mai.
Dès le 3 mai, la planète rouge sera à moins de 1 degré au nord-ouest de l’amas.
Malheureusement, le premier quartier de lune s’invite à la fête, 2 degrés plus à
l’ouest, et son halo de lumière
rend difficile l’observation du rapprochement ce soir-là. Le lendemain, 4 mai, les
conditions sont nettement plus favorables. La Lune prend ses distances vers l’est et devient
moins gênante.
Dans le même temps, Mars s’approche davantage de M44 et vient quasiment au contact des
étoiles situées à sa périphérie au nord-ouest. Dans une lunette ou un télescope de type
newton à faible grossissement
(voir plus haut), en décalant légèrement l’amas vers la partie supérieure droite du champ de
l’oculaire, la planète apparaîtra au bord du champ inférieur gauche. Le 5 mai, Mars se
décale légèrement vers l’est.
Elle se trouve maintenant juste au-dessus de l’amas et frôle à nouveau ses étoiles les plus
au nord. Les 4 et 5 mai sont les deux meilleurs soirs pour observer ce rapprochement
serré. Vers 23 h (heure légale en France),
la scène se déroule à une quarantaine de degrés au-dessus de l’horizon
ouest-sud-ouest ; une situation idéale. Les jours suivants, Mars s’éloigne
progressivement vers l’est, mais le 6, elle est encore à moins de 1° de l’amas de la Ruche,
soit le même écart que le 3, mais cette fois la planète est positionnée au nord-est de
l’amas.
Lors de ce transit, notre voisine se trouve à environ 220 millions de kilomètres. Son
diamètre atteint 6,5 secondes d’arc (un peu moins de la moitié de ce qu’il était en
janvier), et sa magnitude est encore de 1.
Elle est donc bien visible à l’œil nu, brillante en comparaison de la lueur diaphane de
l’amas situé en arrière-plan. Dans des jumelles, la vue sera plus attrayante, car l’amas
sera en partie résolu. Et dans une lunette ou un télescope,
le spectacle sera véritablement magnifique. Mars apparaîtra comme un minuscule confetti
surplombant la grouillante ruche de Messier 44, sa chaude teinte rougeâtre contrastant
avec la lumière glacée des étoiles.
culture astronomique
À la mesure du temps, épisode 4
Statue du cimetière monumental de la chartreuse de
Bologne. Crédits L. Boccardo (Unsplash)
La mesure du temps a toujours été une préoccupation des hommes depuis qu’ils ont pris conscience
de son écoulement.
Cette mesure a très vite permis d’organiser la société. Pour cela, les hommes ont créé des
dispositifs de plus en plus ingénieux
pour mesurer le temps à l’aide de phénomènes physiques bien choisis. Les liens entre la
mesure du temps et l’astronomie sont d’ailleurs des plus anciens.
C’est pour cette raison que la mesure du temps et la mesure de l’espace ont souvent été
regroupées dans les observatoires astronomiques.
Et cette intrication de l’espace et du temps est encore plus prégnante dans le cadre de la
théorie de la relativité d’Einstein.
Ce feuilleton est donc dédié à la mesure du temps, à la suite de celui consacré à la mesure
du ciel.
Conférence « Les mesures et le temps : quel futur ? »
Programme du cycle de conférences 2025 du LNE à
l’occasion des 150 ans de la Convention du mètre.Crédits LNE
Dans le cadre de l’anniversaire des 150 ans de la mesure du mètre, le Laboratoire national
de
métrologie et d’essais (LNE),
auquel est rattaché le LTE, organise une série de conférences mensuelles pour l’année 2025 sur
« Les mesures et… ». Nous
vous présentons ici celle
qui sera relative au temps, et dont l’une des conférencières, Marie-Christine Angonin, est
astronome au LTE.
De l’astronomie aux horloges atomiques, une fabuleuse épopée de la mesure du temps
Depuis l’Égypte antique, les humains ont déployé des techniques et stratégies remarquables
pour repousser les limites de précision de la mesure du temps.
Dans cette conférence, vous découvrirez comment au milieu du xxe siècle, la physique quantique a supplanté
l’astronomie
pour réaliser des mesures du temps avec des horloges atomiques dont les précisions actuelles
atteignent 18 chiffres, ce qui correspond à une dérive
de seulement une seconde au bout de 15 milliards d’années. Cette précision n’est pas
ultime et devra encore être améliorée pour répondre
à de grands enjeux de la science et de la société, avec un nécessaire changement de la
définition de l’unité de temps, la seconde, prévu dans la prochaine décennie.
Portrait de Jean Le Rond D’Alembert (1717-1783), par Maurice
Quentin Delatour, Musée du Louvre, département des arts graphiques.
Crédits GrandPalaisRmn (Musée du Louvre)/M. Urtado
Nous vous annonçons ce mois-ci l’enregistrement et la mise en ligne d’une émission à trois voix
(Irène Passeron
– IMJ/SU, Alexandre Guilbaud – IMJ/SU et Christophe Schmit – LTE/Observatoire de Paris-PSL) diffusée par
Canal Académies, sur le site de l’Académie des sciences.
Elle porte sur Jean Le Rond D’Alembert et son œuvre, qui a été publiée dans le cadre du projet
d’édition critique de ses Œuvres complètes.
Cette édition a débuté dans les années 1990, et de nombreux volumes ont été publiés par ou
avec des membres de l’ex-SYRTE (Michelle Chapront, Jean Souchay, Françoise Launay, Irène
Passeron, Marie Jacob).
Des membres du LTE contribuent à cette édition au format papier et numérique (Jean Souchay,
Christophe Schmit).
L’émission fait le point sur notre connaissance actuelle de l’identité de Jean Le Rond
D’Alembert et dresse un panorama de ses œuvres en mathématiques, en mécanique, en physique,
sa contribution à l’Encyclopédie, etc.,
leur inscription dans les débats de l’époque, les contextes académiques (Académie des
sciences, Académie française).
Il s’agit aussi d’évoquer les publications en cours des Œuvres complètes de Jean
Le Rond
D’Alembert sous format papier et en partie numérique, avec dans ce dernier cas, le projet en
cours de l’Enccre.
De Galilée à Morin : comment mesurer la chute des corps sans horloge
Galilée (à gauche) et Arthur Morin (à droite). CC
BY-NC 4.0 Bibliothèque de l’Observatoire de Paris (Galilée), domaine public (A. Morin)
Le principe d’équivalence est l’un des fondements de la physique gravitationnelle.
Magnifiquement illustré par l’expérience de David Scott
avec un marteau de géologue et une plume d’aigle sur la Lune à la fin de la mission Apollo 15,
ce principe énonce que l’accélération gravitationnelle,
pour une chute libre dans le vide, est la même, quel que soit le corps considéré.
On peut exprimer ce principe d’une autre façon : la masse inertielle, qui représente et
quantifie la manière dont un objet va se déplacer sous une sollicitation externe (quelle que
soit l’origine de cette sollicitation externe : électrique, musculaire, magnétique… ou
gravitationnelle)
est fondamentalement la même masse qui représente et quantifie la manière dont la
gravitation locale va interagir avec l’objet. Dans le premier cas, il ne s’agit que de se
déplacer dans le temps et l’espace alors que, dans le deuxième, il ne s’agit que de l’effet
de la gravitation.
L’équivalence entre ces deux phénomènes, qui pourraient être a priori complètement
indépendants, a permis à Albert Einstein de suggérer que la gravitation n’est pas une
véritable force, mais la conséquence de la déformation de l’espace-temps dans lequel l’objet
se déplace.
Quelle qu’en soit l’interprétation, il est établi, dans la limite de nos capacités
expérimentales et observationnelles, que, dans le vide, plume et plomb tombent de la même
façon et atterrissent simultanément.
Galilée et le principe d’équivalence
Ce principe est connu depuis plusieurs siècles, Galilée l’a énoncé dans son Discours
concernant deux sciences nouvelles dès 1638. Galilée est donc régulièrement cité
dans beaucoup de conférences décrivant le principe d’équivalence où,
en introduction, on représente le scientifique associé à la tour de Pise, généralement en
train de faire tomber deux objets. Pourtant, comme la pomme de Newton, il est à peu près
admis que cette expérience n’a jamais eu lieu.
Elle a, certes, été décrite dans la biographie rédigée en 1654 par son disciple, Vincenzo
Viviani, le Racconto istorico sulla vita di Galileo : « En ce temps-ci
(1589-1590),
il fut convaincu que l’investigation des effets de la nature exige nécessairement une
connaissance vraie de la nature du mouvement, conformément à l’axiome la fois philosophique
et vulgaire
ignorato motu ignoratur natura (celui qui ignore ce qu’est le mouvement, ignore ce
qu’est la nature) ; c’est alors que, à la grande indignation de tous les philosophes,
il démontra – à l’aide d’expériences, de preuves et de raisonnements exacts – la
fausseté de très nombreuses conclusions d’Aristote sur la nature du mouvement ;
conclusions qui, jusqu’alors, étaient tenues pour parfaitement claires et indubitables.
Ainsi, entre autres, celle que les vitesses de mobiles de même matière, mais inégalement
lourds
et se mouvant à travers le même milieu, ne suivent aucunement la proportion de leur gravité,
ainsi qu’il est dit par Aristote, mais se meuvent tous avec la même vitesse.
Ce qu’il démontra par des expériences répétées, faites du sommet du clocher de Pise, en
présence de tous les autres professeurs et philosophes de toute l’Université. »
Mais ce récit, percutant et imagé, n’est pas cohérent avec d’autres faits avérés de la vie
de Galilée… Ce texte parle sans doute d’une expérience de pensée,
énoncée pour mieux glorifier le grand homme, particulièrement efficace puisque l’image
mentale a traversé les siècles.
Donc, pour convaincre ses contemporains que l’affirmation attribuée à Aristote « Le
gland tombe plus vite que la feuille de chêne » était fausse (dans le vide),
Galilée n’a pas laissé tomber des objets du haut de la tour de Pise. Notamment, parce que
Giorgio Coresio ou Vincenzo Renieri l’avaient expérimenté à la même époque
en rapportant que « la plus grosse devançait la plus petite » comme le prédisait
Aristote, tout simplement parce que le frottement de l’air (notamment le vent)
perturbe la chute des objets au point de donner à l’expérience une conclusion erronée. Face
à ce constat, Galilée avait l’intime conviction qu’il devait s’y prendre autrement :
par une démarche scientifique nouvelle mêlant expériences de pensée et expérimentations
rigoureuses.
Portrait au crayon de Galileo Galilei par
O.M. LEONI, 1624. Domaine public
Dans le Discours concernant deux sciences nouvelles, Galilée explicite l’expérience
de pensée qui lui permet de contredire Aristote. Ce texte est un dialogue entre trois
personnages nommés Salviati, Sagredo et Simplicio.
Suivant le point de vue de Galilée, Salviati décrit une expérience de pensée prouvant que
les affirmations d’Aristote sont paradoxales : « Mais s’il en est ainsi, et s’il
est vrai encore qu’une grande pierre se meut,
par exemple, avec huit degrés de vitesse et une plus petite avec quatre degrés, il
s’ensuivra, si on les attache, que l’ensemble se mouvra avec une vitesse inférieure à huit
degrés ; or les deux pierres, réunies,
forment une pierre plus grande que celle qui se mouvait avec huit degrés de vitesse, et la
plus grande se meut par conséquent moins vite que la plus petite, ce qui va contre votre
supposition. Vous voyez donc comment,
si vous supposez qu’un mobile plus grave se meut plus vite qu’un mobile moins grave, j’en
conclus, de mon côté, qu’un mobile plus grave se meut moins vite. » En résumé,
imaginons deux cubes de même composition.
Si l’on suit le raisonnement d’Aristote, le plus petit doit tomber plus lentement que le
plus grand. Maintenant, si l’on met le plus grand au-dessus du plus petit en les
attachant : que va-t-il se passer ?
Il serait logique que le plus petit freine la chute du plus grand, l’ensemble des deux cubes
devrait donc tomber plus lentement que le grand cube. Mais, d’un autre côté, cet ensemble
est plus lourd que chaque cube isolé ;
il devrait donc tomber plus rapidement que le grand cube. Il y a contradiction !
Galilée en déduit, avec justesse, que les différences de temps de chute observées par les
expériences pisanes ont pour origine le frottement de l’air :
« Ayant vu, dis-je, tout cela, j’en arriverai à cette opinion que si l’on éliminait
complètement la résistance du milieu, tous les corps tomberaient à d’égales vitesses. »
Galilée cherche à mettre au point une expérience de chute des corps qui permettra de
vérifier ses intuitions et de convaincre ses contemporains : « L’expérience qui
consiste à prendre deux mobiles de poids aussi différents que possible
et à les lâcher d’une hauteur donnée pour observer si leurs vitesses sont égales. »
Mais l’expérience ne doit pas être perturbée par le vent et les frottements. Galilée
explique qu’il choisit d’observer une chute de faible hauteur pour limiter ces effets.
La difficulté réside alors dans la capacité de faire des mesures sur des durées aussi
courtes. Il contourne ce problème en observant l’évolution de pendules pesants :
« En fin de compte j’ai pris deux boules, l’une de plomb et l’autre de liège,
celle-là au moins cent fois plus lourde que celle-ci, puis j’ai attaché chacune d’elles à
deux fils très fins, longs tous deux de quatre ou cinq coudées ; les écartant alors de
la position perpendiculaire, je les lâchais en même temps. »
Le résultat de ces expériences est sans ambigüité : « une bonne centaine d’allées
et venues, accomplies par les boules elles-mêmes, m’ont clairement montré qu’entre la
période du corps pesant, et celle du corps léger, la coïncidence est telle
que sur mille vibrations comme sur cent, le premier n’acquiert sur le second aucune avance,
fût-ce la plus minime, mais que tous deux ont un rythme de mouvement rigoureusement
identique. » L’expérience de pensée et l’expérimentation ingénieuse de Galilée
convergent donc sur une même conclusion, en opposition avec la croyance d’Aristote : la
chute libre est universellement identique pour tous les corps.
Mais Galilée ne s’arrête pas à cette victoire. Pendant plus de cinquante ans, il cherchera à
comprendre les mécanismes de la gravitation.
Galilée et la mesure de la chute des corps
Dans le but de mesurer le mouvement d’un objet en chute libre, Galilée construit une sorte
de gouttière pouvant tenir dans une pièce fermée permettant de faire rouler avec le moins de
frottement possible les objets soumis à la pesanteur :
« Dans une règle, ou plus exactement un chevron de bois, long d’environ
12 coudées, large d’une demi-coudée et épais de 3 doigts, nous creusions un petit
canal d’une largeur à peine supérieur à un doigt, et parfaitement rectiligne ;
après l’avoir garni d’une feuille de parchemin bien lustrée par le rendre aussi glissant que
possible, nous y laissions rouler une boule de bronze très dure, parfaitement arrondie et
polie. Plaçant alors l’appareil dans une position inclinée,
en élevant l’une de ses extrémités d’une coudée ou deux au-dessus de l’horizon, nous
laissions, comme je l’ai dit, descendre la boule dans le canal, en notant, selon une manière
que j’exposerai plus loin, le temps nécessaire à une descente complète. »
Ce montage a été représenté dans une fresque de Giuseppe Bezzuoli et a été reproduit au
Museo Galileo de Florence où il trône dans la même pièce que les (véritables) lunettes
astronomiques ainsi que les reliques de deux doigts du scientifique.
Reproduction de l’expérience de Galilée au Museo
Galileo de Florence. CC BY-SA 3.0 Sailko (légendes LTE)
Avec un tel système, Galilée ambitionne de mesurer l’évolution de la vitesse de la boule
pendant sa chute. Il propose que, pendant la chute libre, la vitesse des objets augmente de
manière linéaire,
c’est-à-dire que le mouvement est uniformément accéléré : « Si un mobile, partant
du repos, tombe avec un mouvement uniformément accéléré, les espaces parcourus en des temps
quelconques
par ce même mobile sont entre eux en raison double des temps, c’est-à-dire comme les carrés
de ces mêmes temps. »
Mais son expérience a un inconvénient : la gouttière est beaucoup plus petite qu’une
tour. Le temps de chute est donc très court (de l’ordre de la seconde). Or Galilée ne
dispose pas de chronomètre
lui permettant de faire des mesures de haute précision. Il réussit pourtant à vérifier la
loi de la chute des corps avec obstination :
Dans une première série de mesures, il utilise son pouls pour déterminer la durée de
chute : « l’expérience était recommencée plusieurs fois afin de déterminer
exactement la durée du temps,
mais sans que nous découvrîmes jamais de différence supérieure au dixième d’un battement
de pouls. La mise en place et cette première mesure étant accomplie, nous faisions
descendre la même boule
sur le quart du canal seulement : le temps mesuré était toujours rigoureusement
égal à la moitié du temps précédent. Nous faisions ensuite varier l’expérience, en
comparant le temps requis
pour parcourir la longueur entière du canal avec le temps requis pour parcourir sa
moitié, ou les deux tiers, ou les trois quarts, ou toute autre fraction ; dans ces
expériences répétées
une bonne centaine de fois, nous avons toujours trouvé que les espaces parcourus étaient
entre eux comme les carrés des temps, et cela quelle que soit l’inclinaison du plan,
c’est-à-dire du canal, dans lequel on faisait descendre la boule. »
Dans un deuxième temps, il cherche à améliorer les résultats en utilisant un système
analogue au principe des clepsydres : « Pour mesurer le temps, nous prenions
un grand seau rempli d’eau que nous attachions assez haut ;
par un orifice étroit pratiqué dans son fond s’échappait un mince filet d’eau que l’on
recueillait dans un petit récipient, tout le temps que la boule descendait dans le
canal. Les quantités d’eau ainsi recueillies étaient à chaque fois pesées
à l’aide d’une balance très sensible, et les différences et proportions entre les poids
nous donnaient les différences et proportions entre les temps ; la précision était
telle que, comme je l’ai dit, aucune discordance significative n’apparut
jamais entre ces opérations, maintes et maintes fois répétées. »
Galilée utilise enfin l’instrument qui lui permettra la mesure la plus fine du temps de
chute de la boule : une oreille musicienne ! Tout d’abord, il constate
que : « Les espaces parcourus en des temps égaux par un mobile partant du
repos
ont entre eux même rapport que les nombres impairs successifs à partir de
l’unité. » (la distance totale parcourue étant proportionnelle au temps au
carré : [(n + 1)2 − (n)2]Δt
= (2n + 1)Δt).
Il lui suffit donc de placer des clochettes à des distances croissant comme les nombres
impairs, pour que la boule, en tombant, les heurte à des temps constants. La régularité
des tintements des clochettes assure que la chute de la boule suit la loi recherchée
avec la meilleure des précisions.
À l’aide d’expériences de pensée, Galilée a formulé la loi physique de la chute des corps et
son intuition est vérifiée avec une précision remarquable lorsque l’on considère les moyens
de l’époque.
Sans horloge de précision, Galilée a réussi à déterminer les caractéristiques de la chute
des corps en développant une variété de stratégies expérimentales innovantes et ingénieuses.
Dans le cas du pendule pesant et de l’expérience avec clochettes, on peut remarquer que
l’expérimentateur prend le rôle d’un « compteur » relevant les battements d’un
« oscillateur »
(pendule ou tintement) de fréquence, par hypothèse, fixe ; il est possible d’y voir les
prémices d’une horloge. Malgré l’invention de chronomètres mécaniques de plus en plus
sophistiqués,
l’expérience de la chute reste un défi expérimental pendant deux siècles pour lequel peu
d’innovation est apportée. En 1833, Arthur Morin apporte à cette expérience un point de vue
innovant : l’enregistrement du dessin de la trajectoire parabolique.
La machine de Morin
Après avoir fait ses études à l’École Polytechnique, Arthur Morin (1795 à Paris – 1880
à Paris) devient ingénieur militaire. Spécialiste de génie mécanique, il s’intéresse à une
multitude de machines dont il mesure le frottement,
détermine les rendements et efficacités. Il développe des méthodes pour quantifier les
résultats de ses expériences, notamment des enregistreurs automatiques à stylet pour relever
les courbes de différents mouvements.
Arthur Morin, d’après Le Panthéon des
illustrationsfrançaises au xixe siècle, vol. 11,
1865. Domaine public
En 1833, sur une suggestion de Jean Victor Poncelet (d’après la Société des Amis de la
Bibliothèque de l’École Polytechnique), il met au point une machine pour mesurer la chute
des corps, appelée « Machine de Morin ».
Cette machine, de la taille d’un homme adulte, est constituée d’un dispositif de chute libre
et d’un enregistreur du mouvement :
Le dispositif de chute libre est constitué d’un obus de fonte que l’on peut lâcher du
haut de la machine, pouvant descendre jusqu’au pied de celle-ci. Sa trajectoire est
contrainte par des fils métalliques tendus auxquels il est attaché.
Sur l’obus, un stylet, avec une petite réserve d’encre, est fixé perpendiculairement à
lui.
L’enregistreur est composé d’un cylindre vertical ayant quasiment la taille de la
machine. Le principe est de lui fixer une grande feuille de papier l’entourant
entièrement.
Le stylet de l’obus peut ainsi déposer de l’encre sur la feuille pour tracer la
trajectoire de ce dernier.
Toute l’astuce de la machine réside dans le fait que le cylindre peut tourner de manière
régulière grâce à un système mécanique très simple : le cylindre est mis en mouvement
par des engrenages,
eux-mêmes entraînés par un poids par le biais d’une corde. Le poids est amené en haut de la
machine avant l’expérience par une manivelle et est lâché juste avant le début de
l’enregistrement,
provoquant le mouvement de l’ensemble. Pour que la rotation du cylindre puisse devenir
régulière (c’est-à-dire à vitesse constante), des ailettes sont placées en haut de la
machine, aux engrenages.
Schéma de la machine de Morin, tiré de La
méthode graphique dans les sciences expérimentales et principalement en
physiologie et en médecine, É.-J. Marey, 1878(u = obus, R = poids, h = manivelle, l = ailettes, s
= cylindre). Domaine public (source Gallica/BnF)
Le protocole expérimental est le suivant : le poids et l’obus sont remontés au plus
haut de la machine, puis le poids est lâché. Cela engendre la rotation du cylindre et des
ailettes : après un court moment d’accélération,
la rotation devient constante par frottement de l’air. L’expérimentateur a alors le temps de
lâcher l’obus, qui tombe et trace une courbe sur la feuille avec le stylet.
La courbe obtenue est un graphe dont l’abscisse est proportionnelle au produit du temps par
la vitesse de rotation du cylindre. Si l’expérience est soigneusement mise en œuvre, cette
vitesse est constante : l’abscisse est proportionnelle au temps t.
L’ordonnée du graphe est la hauteur du stylet h, limitée par la hauteur du cylindre.
La courbe obtenue illustre donc directement l’équation si chère à Galilée : h
= 1/2 gt2, où g est l’accélération locale
due à la pesanteur (environ 9,81 m/s2 à Paris). La courbe obtenue est une
parabole.
iCAP Université Claude Bernard Lyon 1 : « Machine de Morin »
D’une simplicité et d’une efficacité remarquables, la machine de Morin a eu une grande
popularité et a été produite en nombre pour des usages pédagogiques.
Elle a trouvé sa place dans les salles de tous les grands lycées et des exemplaires sont
encore présents dans les collections de plusieurs d’entre eux.
Une machine dans un état magnifique est visible au musée des Arts et Métiers, dans la
chapelle, juste à côté du pendule de Foucault.
Comme l’expérience des clochettes de Galilée, la machine de Morin est une vérification
directe et immédiate de l’expression de loi de la chute des corps pour la totalité du
mouvement.
Une seule expérience, une seule mesure, suffit à mettre en évidence le mouvement
parabolique, sans utiliser d’horloge de précision.
Avec le développement du spatial, des interféromètres, des atomes froids, des horloges
atomiques, les moyens expérimentaux permettent maintenant d’atteindre des précisions
extrêmes.
En étant partie prenante de missions telles que MICROSCOPE, PHARAO-ACES ou LISA, les équipes
du LTE poursuivent les tests expérimentaux de la gravitation et de la relativité générale
dans la lignée de ces illustres précurseurs.
science en direct
ACES-PHARAO a rejoint l’ISS
Arrivée du vaisseau cargo Dragon transportant ACES-PHARAO
à la Station spatiale internationale le 22 avril 2025 à 12 h 30
UTC. Crédits NASA
Nous vous l’annoncions au mois de mars, ça y est :
la mission ACES (Atomic Clock Ensemble in Space) a rejoint la
Station spatiale internationale (ISS) le 22 avril.
Cette mission spatiale de l’ESA et du CNES embarque plusieurs instruments de mesure du
temps,
dont PHARAO (Projet d’Horloge Atomique par Refroidissement
d’Atomes en Orbite).
Cet ensemble sera installé à l’extérieur du module européen Columbus de l’ISS, en position
nadir, permettant la transmission de signaux micro-ondes (MWL) et laser (ELT) vers des
stations au sol équipées d’horloges atomiques.
Cette configuration facilitera la comparaison entre les horloges spatiales et terrestres.
Mise en place d’ACES sur le bouclier magnétique
au Centre
spatial Kennedy. Crédits ESA/J. Williamson
C’est une expérience de physique fondamentale inédite ! Aujourd’hui, les horloges
atomiques
au sol ont atteint une précision telle qu’elles ne dérivent que d’une seconde tous les
50 millions d’années. L’horloge Pharao dont il est question ici ne dérivera d’une
seconde que
dans 300 millions d’années. Cette précision est rendue possible, car les atomes
froids des horloges atomiques tombent en chute libre dans l’espace. Il est alors plus facile
de mesurer
la seconde et de faire de nombreux tests qui viendront éprouver la théorie de la relativité
générale, valider de nouvelles technologies spatiales, affiner les échelles de temps
mondiales.
ACES dans la salle blanche d’Airbus à
Friedrichshafen, en Allemagne, au printemps 2024. Crédits
ESA/S. Corvaja
Le rôle du LTE et du LNE-OP dans la mission
Le LNE-OP, rattaché au Laboratoire Temps Espace (LTE), joue un rôle essentiel dans cette
mission. Spécialisé en métrologie du temps et des fréquences, c’est un acteur clé dans la
conception des fontaines atomiques, des horloges à atomes froids de césium et des nouvelles
générations d’horloges optiques, qui définissent avec une précision extrême l’unité de la
seconde.
Le LTE a été l’un des principaux contributeurs au développement de PHARAO. Ses équipes ont
participé à la définition des principes de fonctionnement de l’horloge, à la mise en place
des protocoles expérimentaux pour garantir sa précision et sa stabilité, ainsi qu’aux tests
au sol pour valider ses performances avant son intégration sur l’ISS.
Le LTE est également responsable de l’analyse des mesures issues de PHARAO et du lien
micro-ondes (MWL). Son expertise en traitement du signal et en synchronisation des horloges
lui permettra de comparer PHARAO avec les meilleures horloges terrestres, afin d’affiner la
mesure du temps et d’explorer des effets relativistes.
Rotation d’Uranus : une nouvelle mesure de haute précision
Hubble aide à déterminer la vitesse de rotation d’Uranus
avec une précision sans précédent. Ce visuel présente trois panneaux montrant chacun
Uranus
et une activité aurorale dynamique.
Les images ont été prises en octobre 2022, respectivement les 8, 10 et 24.
Chaque image montre une planète centrée avec une forte teinte bleue et une région blanche
visible. Un léger anneau est également visible autour de la planète sur chaque image.
Chaque image montre des régions bleues/violettes floues planant au-dessus de la planète à
différents endroits pour indiquer les aurores. Crédits
ESA/Hubble/NASA/L. Lamy/L. Sromovsky
S’il est relativement facile de connaître la vitesse de rotation d’une planète tellurique
(Terre, Mars, Mercure, Vénus), cela devient plus difficile quand il s’agit d’une planète géante
(Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus).
Cette difficulté tient au fait que son atmosphère masque le cœur de la planète.
Une équipe de chercheurs de l’Observatoire de Paris a trouvé une nouvelle méthode pour
déterminer la vitesse de rotation d’Uranus avec une précision 1 000 fois plus
grande, et il
se trouve qu’elle tourne moins vite que ce que nous pensions.
La mesure se basait jusqu’ici sur les données obtenues par le survol de la sonde
Voyager 2
en 1986. Quand alors la vitesse était calculée sur la base des données relatives au champ
magnétique d’Uranus, la méthode actuelle a utilisé les aurores observées dans l’ultraviolet
par le télescope spatial Hubble. Ces données permettent de retrouver la position des pôles
magnétiques et d’en déduire la rotation interne de la planète.
Le LTE a participé à la mise en œuvre de cette mesure en mettant à disposition un outil de
calcul d’éphémérides qui permet l’exploitation de données enregistrées sur le long terme,
celles de Voyager 2 comme celles d’Hubble.
Cette nouvelle méthode ouvre de nouveaux champs pour la recherche en planétologie, sur les
systèmes exoplanètes-étoiles, et cette précision accrue de l’éphéméride sera indispensable à
la préparation de nouvelles missions spatiales sur Uranus qui apporteront à leur tour de
nouvelles données.
Cette découverte a donné lieu à la parution d’un article paru dans la revue Nature
Astronomy le 7 avril 2025, vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse de
l’Observatoire de Paris et le lien vers l’article.
Les météorites primitives : une nouvelle étude explique leur rareté sur Terre
Image cumulée montrant tous les bolides capturés par
une seule station du Desert Fireball Network pendant les périodes au cours desquelles
la Lune est sous
l’horizon.
Elle combine plus de 100 images de bolides enregistrées entre 2016 et 2020.
Les traînées lumineuses sont des bolides et les points sont les positions des étoiles à
différents moments. Crédits Desert Fireball Network
Une nouvelle étude publiée dans Nature Astronomy revient sur la surprenante rareté des
météorites primitives sur Terre.
Parmi les auteurs de cette étude, trois sont issus du LTE.
Les météorites primitives, appelées « chondrites carbonées », sont les fragments
d’astéroïdes
qui n’ont pas subi de fusion ou de
différenciation significative. Leur composition chimique reflète fidèlement celle des
matériaux présents dans le
Système solaire primitif, avec des rapports chimiques très similaires à ceux observés dans
la photosphère du Soleil.
Or, après l’étude de près de 8 000 échantillons de météorites, le constat est
tout aussi
clair que surprenant :
les météorites carbonées ne composent que 4 % de ces corps tombés sur Terre.
Pourquoi ? Nous vous invitons à lire le communiqué de presse de l’Observatoire de
Paris, et
pour les plus motivés
l’article lui-même, pour comprendre comment l’étude répond à cette question. Elle donne deux
explications principales
à ce phénomène : la première concerne la fragmentation thermique qui a lieu lors de
leurs
passages à proximité du Soleil, et la seconde serait le filtrage par l’atmosphère terrestre
qui serait particulièrement
efficace sur les corps carbonés, car ils sont plus fragiles.
Différences dans les distributions orbitales
entre les impacteurs terrestres et les impacteurs produisant des météorites.
Cartes
de chaleur des différences relatives entre les densités normalisées de tous les
impacteurs terrestres (masses supérieures à 10 g) et celles des
impacteurs
entraînant la chute de météorites (masses supérieures à 1 g) à travers divers
intervalles de paramètres orbitaux.Les régions rouges indiquent les
orbites où les
chutes de météorites sont plus fréquentes par rapport à la population totale
d’impacteurs ; les régions bleues indiquent un déficit relatif de chutes de
météorites. Les contours noirs indiquent des différences statistiquement
significatives au niveau 3σ (test du chi carré) ; toutes les autres régions
sont
significatives au niveau 2σ. Les lignes colorées montrent l’évolution attendue du
périhélie sous l’effet de la résonance Kozai–Lidov (pour un demi-grand axe de
2,5 au),
qui peut échanger l’inclinaison (i) contre l’excentricité (e), expliquant ainsi
pourquoi un excès d’impacts producteurs de météorites est observé pour des
inclinaisons élevées et des distances périhélies proches de 1 au.
Crédits
P. Shober
Voici le genre d’étude qui nous permet d’avancer un peu plus vers la compréhension de la
formation des corps des systèmes
planétaires, dans notre système solaire comme dans les autres !
Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue
Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Dans le cadre du plan Vigipirate, merci aux extérieurs de
l’Observatoire de Paris de bien vouloir s’inscrire à l’avance sur le site indico
Mardi 29 mai 2025 – 14 h 00
Systèmes hamiltoniens non conservatifs ; application aux
systèmes
binaires à l’ordre 2.5 post-newtonien
Christopher Aykroyd (LTE, Observatoire de Paris)
Salle Denisse, Observatoire de Paris, 77 avenue
Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Histoire des sciences astronomiques
Mardi 13 mai 2025 – 14 h 00
Connecting and sharing observatory histories and archives as online data
Rebekah Higgitt (Principal Curator of Science, National Museums Scotland)
Salle du Conseil, Observatoire de Paris, 77 avenue
Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Mardi 13 mai 2025 – 15 h 30
Polvere di Stelle (Stardust), a web portal for the Italian cultural heritage of astronomy
Antonella Gasperini (INAF - Osservatorio Astronomico di Arcetri)
Valeria Zannini (INAF - Osservatorio astronomico di Padova)
Salle du Conseil, Observatoire de Paris, 77 avenue
Denfert-Rochereau, 75014 Paris
Astro en images
Le coucher du Soleil sous l’Arc de Triomphe du 6 au 11 mai 2025
Coucher de Soleil sous l’Arc de Triomphe le 9 mai
2019.
Crédits J. Desmars
Comme chaque année autour du 8 mai, le Soleil se couchera dans l’axe de l’avenue des
Champs-Élysées à Paris.
Il est donc possible de voir le Soleil se coucher sous l’arche de l’Arc de Triomphe depuis
l’avenue des Champs-Élysées même si, depuis cette perspective, le haut de l’arche de la Défense,
également visible, peut parfois barrer le Soleil.
Cet événement
régulier est toujours une surprise pour les curieux et un défi pour les photographes (qui sont
invités à envoyer leurs photos pour publication ici !).
Cette année, la période favorable s’étend du 6 mai au 11 mai.
Chaque soir, le Soleil est un peu plus haut sur l’horizon : les meilleurs endroits pour
l’observation sont donc plutôt en bas de l’avenue en début de période et en haut de l’avenue
en fin de période.
Aussi, le diamètre apparent de l’arche s’agrandit au fur à mesure que l’on remonte
l’avenue : la taille apparente du Soleil est ainsi plus grande que l’arche en bas de
l’avenue et plus petite à partir du rond-point des Champs-Élysées.
C’est aux environs de ce dernier que Soleil et arche partagent la même taille apparente.
Même si l’alignement est visible partout le long de l’avenue, nous distinguons ici deux
endroits pour le calcul du passage du Soleil sous l’Arc de Triomphe : la place de la
Concorde et le rond-point des Champs-Élysées.
Les horaires sont donnés à la minute, car ils peuvent varier de plusieurs secondes selon
votre position.
Depuis le rond-point des Champs-Élysées
Le coucher de Soleil dans l’Arc de Triomphe
depuis le rond-point des Champs-Élysées le 10 mai 2025 à
19 h 02 UTC. J. Desmars/LTE
8 mai à 19 h 05 UTC (Soleil en bas de l’arche) ;
9 mai à 19 h 04 UTC (Soleil au milieu de l’arche) ;
10 mai à 19 h 03 UTC (Soleil au milieu de l’arche) ;
11 mai à 19 h 02 UTC (Soleil en haut de l’arche).
Depuis la place de la Concorde
Le coucher de Soleil dans l’Arc de Triomphe
depuis la place de la Concorde le 7 mai 2025 à 19 h 05 UTC.
Crédits J. Desmars/LTE
6 mai à 19 h 07 UTC (Soleil au bas de l’arche) ;
7 mai à 19 h 06 UTC (Soleil au milieu de l’arche) ;
8 mai à 19 h 05 UTC (Soleil en haut de l’arche).
Il est aussi possible de voir le passage du Soleil plus haut dans l’avenue les soirs suivants,
mais le Soleil est d’apparence plus petite par rapport à l’arche.
Les jours les plus favorables sont donc le 7 mai pour la place de la Concorde et les 9
et 10 mai pour le rond-point des Champs-Élysées.
Notez qu’en raison des commémorations du 8 mai, un drapeau est généralement présent
sous l’arche à cette période.
Enfin, ces alignements sont également observables début août.
Attention ! Si le Soleil à son coucher vous éblouit, ne le regardez pas
directement,
c’est qu’il est encore trop haut sur l’horizon.
Dans ce cas, évitez de le photographier sans filtre, vous risquez d’endommager votre
appareil photo
et votre vue si vous utilisez un appareil à visée reflex.
Attention aussi aux voitures qui circulent très près des piétons, même sur l’axe où vous
êtes
souvent nombreux lors de ces événements !
Retour sur l’éclipse partielle de Soleil du 29 mars 2025
Chapelet de l’éclipse partielle de Soleil du 29 mars
2025 photographiée depuis Nivillac (Morbihan). Crédits C. Berthelot
Ce mois-ci, nous publions l’image et les deux vidéos que nous avons reçues de l’éclipse partielle de Soleil du 29 mars 2025. Merci pour ces envois !
La prochaine éclipse de Lune, qui sera totale, aura lieu le 7 septembre 2025.
Quant à la prochaine éclipse de Soleil, elle sera partielle et se produira le 21 septembre 2025.
Depuis Fécamp
L’éclipse partielle de Soleil du 29 mars
2025
depuis Fécamp.Time-lapse réalisé avec un Seestar 50. Crédits C. Lecointre
« Le Seestar a 3 positions, vidéo, photo et time-lapse. La mise au point
(autofocus), et les
réglages se font en position photo et le temps de pose n’est pas mémorisé,
mais de souvenir, et je l’ai refait aujourd’hui, j’étais sur 2 ou 3 ms, et 30/40 de
gain.
Ensuite, on bascule sur le time-lapse, qui a une prise de vue automatique de 1 image (de
2/3 ms) par seconde.
C’est « compressé » à × 30, c’est-à-dire que 30 secondes de prise
d’images deviennent 1 s sur
la time-lapse. J’ai coupé les time-lapse toutes les 10 min, pour éviter de tout perdre en
cas de
soucis.
J’ai aussi coupé quelques nuages au passage, mais très brièvement. J’ai ensuite assemblé le
tout. Résultat, les 1 h 50 min d’éclipse se traduisent par 3 min
36 s de vidéo. »
L’éclipse partielle de Soleil du 29 mars
2025 depuis Fécamp, avec le club d’astronomie de Toussaint.
Crédits C. Lecointre
Depuis Nivillac (56)
L’éclipse partielle de Soleil du 29 mars
2025
depuis Nivillac.Assemblage de 701 images prises toutes les 10 s de
10 h 59 à 12 h 55 avec un Fuji X-T3 (1/32000s à F/D6 à 640 ISO)
et et une lunette APO de 480 mm avec filtre Baader AstroSolar 3.8D.
Crédits
C. Berthelot
Repère géocentrique, les quadratures et les conjonctions sont en ascension
droite.
Les phénomènes sont donnés en Temps légal français.
1er mai
8 h 23 min 44 s
Déclinaison maximale de la Lune : + 28° 35′.
3 mai
16 h 24 min 33 s Élongation minimale
entre Neptune et Vénus, élongation : 2° 01,70′, élongation de Vénus au
Soleil : 42° O.
4 mai
2 h 26 min 02 s
Élongation minimale entre la Lune et Mars, élongation : 1° 58,35′,
élongation
de la Lune au Soleil : 83° E.
15 h 51 min 46 s Premier quartier de
lune.
11 mai
2 h 47 min 04 s
Lune à l’apogée, distance à la Terre : 406 244 km, diamètre apparent de la
Lune : 29,40′.
12 mai
18 h 55 min 57 s Pleine lune.
15 mai
20 h 30 min 07 s Déclinaison minimale
de la Lune : − 28° 29′.
18 mai
1 h 32 min 11 s
Uranus en conjonction, distance à la Terre : 20,541 32 au,
diamètre apparent : 3,43″.
5 h 08 min 05 s
Uranus à l’apogée, distance à la Terre : 20,541 30 au, diamètre
apparent : 3,43″.
20 mai
13 h 58 min 46 s Dernier quartier de
lune.
22 mai
17 h 44 min 02 s Élongation minimale
entre la Lune et Saturne, élongation : 2° 28,98′, élongation de la Lune
au
Soleil : 62° O.
20 h 58 min 20 s Élongation minimale
entre la Lune et Neptune, élongation : 1° 52,24′, élongation de la Lune
au
Soleil : 60° O.
23 mai
22 h 38 min 33 s Élongation minimale
entre la Lune et Vénus, élongation : 3° 32,16′, élongation de la Lune
au
Soleil : 46° O.
25 mai
1 h 22 min 36 s
Élongation minimale entre Uranus et Mercure, élongation : 0° 07,50′,
élongation de Mercure au Soleil : 6° O.
26 mai
3 h 33 min 47 s
Lune au périgée, distance à la Terre : 359 022 km, diamètre apparent de la
Lune : 33,27′.
15 h 33 min 45 s Élongation minimale
entre la Lune et Uranus, élongation : 4° 42,01′, élongation de la Lune
au
Soleil : 8° O.
21 h 51 min 24 s Élongation minimale
entre la Lune et Mercure, élongation : 4° 38,51′, élongation de la Lune
au
Soleil : 4° O.
27 mai
5 h 02 min 21 s
Nouvelle lune.
28 mai
15 h 03 min 16 s Élongation minimale
entre la Lune et Jupiter, élongation : 5° 12,55′, élongation de la Lune
au
Soleil : 20° E.
18 h 03 min 18 s Déclinaison maximale
de la Lune : + 28° 27′.
29 mai
15 h 51 min 51 s Mercure à l’apogée,
distance à la Terre : 1,321 82 au, diamètre apparent : 5,09″.
30 mai
6 h 12 min 45 s
Conjonction supérieure de Mercure, distance à la Terre :
1,321 57 au, diamètre apparent : 5,09″.
31 mai
14 h 54 min 56 s Mercure au périhélie,
distance au Soleil : 0,307 49 au.
Visibilité de la Lune et des planètes
Planètes visibles entre les latitudes 60° Nord et 60° Sud et les constellations voisines.
L’aspect apparent des planètes est calculé pour le 16 mai 2025 à 22 h 00 UTC.
La Lune
Cliquez sur l’image de la Lune pour afficher
le diaporama du mois en cours.
La Lune
La Lune tourne autour de notre planète tout en tournant autour de son axe en
approximativement 28 jours : on ne voit donc toujours que la même face de la
Lune. Au cours de sa rotation autour de la Terre,
la Lune présente plusieurs phases en fonction de sa position par rapport au
Soleil : le premier quartier, la pleine lune, le dernier quartier et la nouvelle
lune. Le retour à une même phase se fait en moyenne tous les
29,53 jours : cette durée de révolution s’appelle la lunaison moyenne
ou révolution synodique moyenne de la Lune. En raison des perturbations, la
lunaison vraie entre deux phases identiques peut varier dans un
intervalle de plus ou moins sept heures par rapport à cette valeur moyenne.
Invisible du matin du 26 mai au soir du 27 mai
4Premier quartier
12Pleine lune
20Dernier quartier
27Nouvelle lune
Mercure
Mercure
Mercure n’est pas visible au mois de mai.
Elle est dans la constellation des Poissons jusqu’au 12 mai, date à laquelle elle
entre pour un
peu plus d’une heure dans la constellation de la Baleine, puis dans la constellation du
Bélier, qu’elle quitte le 23 mai pour entrer
dans la constellation du Taureau.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 5,5″
Magnitude : − 0,75
non visible à l’œil nu
non visible aux jumelles
non visible au télescope
Vénus
Vénus
Vénus est visible le matin en fin de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève de
plus en plus tôt en seconde partie de nuit.
Elle est dans la constellation des Poissons jusqu’au 11 mai, date à laquelle elle
entre dans la
constellation de la Baleine, qu’elle quitte le 13 mai pour retourner dans la
constellation des Poissons.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 28,9″
Magnitude : − 4,43
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Mars
Mars
Mars est visible le soir et une grande partie de la nuit. Au cours du mois, elle se
couche de plus en plus tôt en seconde partie de nuit.
Elle se trouve dans la constellation du Cancer jusqu’au 26 mai, date à laquelle
elle entre dans
la constellation du Lion.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 6,0″
Magnitude : 1,09
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Jupiter
Jupiter
Jupiter est visible le soir au crépuscule et en première partie de nuit. Au cours du
mois, elle se couche de plus en plus tôt et à partir du 13 mai, elle se couche
avant minuit
en Temps légal français.
Elle se trouve tout le mois dans la constellation du Taureau.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 32,9″
Magnitude : − 1,96
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Saturne
Saturne
Saturne est visible le matin en fin de nuit et à l’aube à partir du 12 mai, date de
son
lever héliaque du matin à Paris.
Elle se trouve tout le mois dans la constellation des Poissons.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 16,5″
Magnitude : 1,13
visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Uranus
Uranus
Uranus est visible le soir au crépuscule jusqu’au 16 mai, date de son coucher
cosmique
du soir à Paris, puis le matin à l’aube et en fin de nuit à partir du 19 mai, date
de
son lever cosmique du matin à Paris.
Elle est tout le mois dans la constellation du Taureau.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 3,4″
Magnitude : 5,83
non visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Neptune
Neptune
Neptune est visible le matin en fin de nuit et à l’aube. Au cours du mois, elle se lève
de plus en plus tôt en seconde partie de nuit.
Elle est tout le mois dans la constellation des Poissons.
Tout le mois, son mouvement est direct.
Diamètre apparent : 2,2″
Magnitude : 7,93
non visible à l’œil nu
visible aux jumelles
visible au télescope
Portail des formulaires de calcul
Portail des formulaires de calcul
N’oubliez pas que vous pouvez aussi calculer les instants des levers et couchers des
astres et visualiser leur aspect apparent à n’importe quelle date et depuis n’importe
quel lieu sur Terre grâce à notre portail de calculs
d’éphémérides : https://ssp.imcce.fr.
Cartes du ciel
Cartes du ciel des étoiles brillantes et des planètes visibles dans le ciel de l’hémisphère nord et
de l’hémisphère sud,
vers l’horizon nord et l’horizon sud, pour le 15 mai 2025.
Hémisphère nord, en direction du nord – 23 h Temps légal français (UTC
+ 2 h)
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction
du nord. Crédits LTE
Hémisphère nord, en direction du sud – 23 h Temps légal français (UTC
+ 2 h)
Carte du ciel de l’hémisphère nord, en direction
du sud. Crédits LTE
Hémisphère sud, en direction du nord – 23 h Temps local à La Réunion (UTC
+ 4 h)
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction
du nord. Crédits LTE
Hémisphère sud, en direction du sud – 23 h Temps local à La Réunion (UTC
+ 4 h)
Carte du ciel de l’hémisphère sud, en direction
du sud. Crédits LTE
Vue dans le plan de l’écliptique
Dans sa course apparente sur l’écliptique, le Soleil est accompagné de plusieurs
planètes proches. Celles qui sont à l’est peuvent être observées au coucher du Soleil et en
début de nuit selon leur élongation et leur
magnitude, celles qui sont à l’ouest le seront en fin de nuit et au lever du Soleil sous les
mêmes conditions. La figure suivante montre la configuration au 15 mai 2025.
Position de la Lune et des planètes dans le plan
de l’écliptique au 15 mai 2025. Crédits LTEDéplacement de la Lune et des planètes dans le
plan de l’écliptique au cours du mois de mai 2025. Crédits LTE
Positions héliocentriques des planètes
Les figures suivantes montrent la configuration des planètes dans le plan de
l’écliptique au
15 mai 2025. Sur chaque orbite des planètes intérieures, l’intersection du segment et
de l’orbite marque la position de la planète au
premier jour du mois, et l’extrémité de la flèche marque celle au dernier jour du mois.
Positions héliocentriques des planètes
intérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2025.
Crédits LTEPositions héliocentriques des planètes
extérieures dans le plan de l’écliptique au 15 mai 2025.
Crédits LTE