Les occultations sont des phénomènes assez rares pour un observateur fixe. Les chances d’en observer sont de l’ordre de l’alignement des planètes. Elles résultent d’un alignement entre une étoile, un objet occultant (une planète, un astéroïde, une comète…) et l’observateur.
Par chance, nous serons de nombreux observateurs à travers le globe à pouvoir témoigner de cette occultation et notre travail collectif peut amener à de grandes découvertes ! Nous espérons vous compter parmi nous.
Pourquoi l’observer et quelles sont les particularités de cet évènement ?
Observer ces phénomènes permet de mesurer leur position relative avec une extrême précision (100 fois mieux que d’ordinaire), de déterminer leur taille et leur forme au moment de l’occultation et enfin de sonder leur environnement proche (satellite, atmosphère et anneaux dans le cas de l’objet occultant).
L’objet d’à peine 6 km de diamètre qui va occulter l’étoile ce soir-là présente une particularité : il est soupçonné d’être accompagné d’un satellite naturel. Cette supposée lune ferait entre un et deux tiers de sa taille.
Elle a été mise en lumière par le projet GaiaMoons qui est une collaboration entre trois laboratoires européens, l’Université de Poznan en Pologne, le laboratoire Lagrange de l’Observatoire de la Côte d’Azur et l’IMCCE.
Il vise à utiliser les données de GAIA pour détecter des oscillations dans la trajectoire de certains astéroïdes, révélant la présence potentielle d'un satellite. Cette méthode a permis de dresser une liste d'environ 360 systèmes potentiellement binaires, à ajouter aux objets déjà identifiés comme tels.
Ce projet comporte plusieurs étapes : l’étude des données Gaia pour en dégager une liste de potentiels astéroïdes dits « binaires », l’organisation des campagnes d’observation de ces objets par occultation stellaires (nous y sommes !) et l’analyse des données pour étudier plus précisément ces objets.
Voulez-vous participer à l’observation ?
Nous estimons que l’astéroïde et son satellite sont espacés de quelques 20 km, il faut donc pouvoir être assez nombreux pour pouvoir réussir à les observer ensemble.
Pour créer un maillage dense, l’IMCCE lance un appel à la communauté amateur et professionnelle pour observer ce phénomène !
Toute observation, même en dehors de la bande principale, aura un apport scientifique conséquent.
Vous retrouverez dans une lettre précédente toutes les informations pour préparer l’observation d’une occultation.
L’une, si ce n’est la plus grande difficulté de ce phénomène est sa fugacité, on prédit une durée d’occultation de 0.7 seconde pour l’astéroïde en lui-même et entre 0.2 et 0.5 seconde pour son satellite, c’est extrêmement court !
Il est impératif d’adapter le temps d’exposition en conséquence, histoire de capturer quelques points de l’occultation. Par chance, l’étoile est assez brillante, magnitude 10.5, quelques 100ms feront l’affaire. Comme pour tout évènement de ce type, veillez à vous munir d’une caméra, TimeBox, GPS et PC pour pouvoir être à même de mesurer précisément et de manière coordonnée ce phénomène. Puis envoyez-nous vos données !
Oh, et un dernier conseil, n’abandonnez pas devant quelques nuages, soyez réactifs, car l’opportunité d’observer de tels évènements est assez rare.
Y’aura-t-il d’autres phénomènes du genre ?
Oui ! Le site mis en place par l’IMCCE prédit un nombre important de ce type, notamment en France. Il est possible d’y renseigner sa localisation pour voir quels évènements seront visibles proche de chez vous.
Pourquoi est-ce important ?
Dans le processus de formation des systèmes planétaires, des planétésimaux se forment au cours des premiers millions d'années. Parmi ces planétésimaux, on trouve des paires de proto-astéroïdes. Comprendre la nature de ces objets nous permet d'en savoir plus sur les processus de formation des systèmes planétaires.
En raison du manque de données d'observation, nos connaissances se limitent principalement à des simulations. En effet, les techniques d'observation actuelles sont biaisées, comme l'imagerie à haute résolution qui révèle principalement de grands objets avec de très petits satellites suffisamment éloignés les uns des autres pour être résolus. De plus, la plupart des astéroïdes sont trop petits pour être observés directement et il est donc difficile de confronter les résultats des simulations.
L’observation des astéroïdes binaires permet donc de combler un biais observationnel, mais aussi d’avoir accès plus facilement à la composition et la structure de ces derniers. Ces données sont cruciales pour la branche de la recherche spécialisée dans l’étude la formation de notre système solaire.
Contacts
- Raphael Lallemand : Raphael.lallemand@obspm.fr
- Josselin Desmars : Josselin.desmars@obspm.fr