Cette conjonction aura lieu le vendredi 22 décembre 2023, jour du solstice d’hiver, mais aussi début des vacances scolaires. Ce jour-là, la Lune, âgée de 11 jours, sera gibbeuse, ce qui signifie que sa partie éclairée dépassera la moitié de son disque. En l’occurrence, elle sera ce soir-là entre le premier quartier qui aura eu lieu le 19 décembre et la pleine lune qui aura lieu le 27 décembre 2023, et 74 % de sa surface sera éclairée par le Soleil.
Quant à Jupiter, elle est toujours dans une très bonne période de visibilité pour deux raisons : d’abord parce qu’elle était en opposition le 3 novembre dernier (voir l’article « L’opposition de Jupiter en novembre 2023 » de la Lettre d’information de novembre 2023) et qu’elle reste donc, même en décembre, visible la quasi-totalité de la nuit, et ensuite parce que Jupiter est actuellement située dans la constellation du Bélier, l’une des constellations zodiacales les plus hautes visibles dans l’hémisphère nord. Cela signifie qu’en milieu de nuit, lorsqu’elle passera sur la ligne du méridien, donc plein sud, elle sera le 22 décembre à environ 53° au-dessus de l’horizon ; elle sera donc loin des brumes et brouillards de l’horizon et aussi moins altérée par les phénomènes de turbulence. Elle sera ce jour-là à environ 4,3 unités astronomiques (au), soit environ 643 millions de kilomètres, de la Terre. Son diamètre angulaire sera alors de 45″ d’arc (il était de 49,5″ le jour de l’opposition).
Comment observer le phénomène ?
Le plus faible écart entre les deux astres, appelé conjonction géocentrique en longitude, ne sera malheureusement pas observable, puisqu’il aura lieu ce 22 décembre à 13 h 31 TLF (Temps légal français) ; l’écart entre la Lune et Jupiter ne sera alors que de 2° 22,5′. Cette conjonction ayant lieu en milieu de journée du 22 décembre, on pourra apprécier la proximité de la Lune avec Jupiter, le 21 comme le 22. En ce 21 décembre vers 20 h 00 TLF, la Lune sera positionnée à moins de 3° à l’ouest (à droite) de Jupiter, et le 22 décembre, toujours à 20 h 00 TLF, elle sera placée à gauche (à l’est), à environ 4° de la plus grosse planète gazeuse.


Le premier instrument à utiliser sera… votre œil, idéal pour admirer le rapprochement dans l’immensité du ciel nocturne. Si la Lune sera déjà bien aveuglante, il en faudra cependant plus pour éteindre Jupiter qui brillera à la magnitude négative de − 2,6. Les deux astres seront donc éclatants au-dessus de l’horizon sud vers 20 h 00 TLF. Des jumelles seront elles aussi bienvenues, puisque cet instrument pourtant modeste permettra tout d’abord de voir les deux objets dans le même champ, mais aussi de distinguer des cratères sur le terminateur de l’astre sélène, puis, en scrutant Jupiter, de repérer les minuscules points des 4 satellites galiléens (2 à droite et 2 à gauche le 21 décembre vers 20 h 00 TLF, et 3 à gauche et 1 à droite le 22 décembre vers 20 h 00 TLF). Si on dispose d’une petite lunette (60 à 100 mm) ou d’un télescope modeste (75 à 125 mm), on pourra réaliser de belles observations ; il ne sera plus possible de voir les 2 objets dans le même champ, mais en contrepartie, en ayant la possibilité de grossir de 80 à 150 fois, on pourra admirer de très nombreux détails sur la Lune et on accédera à quelques détails sur le disque jovien, comme d’abord les deux bandes parallèles équatoriales de couleur marron clair, puis, si la turbulence n’est pas trop forte, à quelques taches de-ci de-là, ce qui signifie qu’on admirera des détails sur la surface gazeuse de l’astre, pourtant situé à plus de 600 millions de kilomètres.
Notons que 24 heures plus tard, le 23 décembre, toujours vers 20 h 00 TLF, la Lune, visible au-dessus de l’horizon sud-est, passera cette fois 4° au nord-est d’Uranus, ce qui sera un moyen très pratique de localiser cette lointaine planète. Avec une magnitude de 5,7, la planète gazeuse sera aisément repérable avec de simples jumelles, 10 × 50 par exemple. En positionnant la Lune en haut à gauche du champ, Uranus sera visible en bas à droite, comme une simple petite étoile.
