Le terme d’alignement peut être source de grande confusion, même de détournement à des fins astrologiques, voire apocalyptiques. Un alignement signifie le fait d’être aligné, donc situé sur une même ligne : c’est une tautologie, mais qui n’est pas inutile à rappeler.
Lorsque l’alignement de planètes est évoqué, il peut se présenter à l’esprit l’image évocatrice des planètes du Système solaire rangées en rang d’oignon le long d’une ligne qui partirait du Soleil. Ce ne sera pas le cas.
Par conséquent, vis-à-vis de quoi les planètes seront-elles alignées, si tant est que l’on puisse parler d’alignement ?
Les planètes, ainsi que la Lune, évoluent toutes dans une bande étroite du ciel – le zodiaque – dont la ligne centrale est un grand cercle, l’écliptique, qui fait le tour du ciel. Ceci est le point de vue d’un terrien. Dans l’espace, ce grand cercle est en réalité un plan – le plan de l’écliptique – vis-à-vis duquel les planètes et la Lune, dans leur mouvement autour du Soleil, restent très proches. Les positions des planètes depuis le centre de la Terre sont repérées par leur longitude et leur latitude géocentrique écliptique, tout comme l’on repère un point à la surface de la sphère terrestre. Il se trouve qu’en juin, durant une dizaine de jours, l’ensemble des planètes – hormis la Terre bien évidemment – et la Lune seront confinées dans une bande étroite de l’écliptique, dont l’étendue en longitude sera de 104°. Le resserrement maximal en longitude écliptique se produira le 22 juin. Les latitudes écliptiques des planètes, bien que très petites, ne seront pas nulles, elles seront donc situées de part et d’autre de l’écliptique. Ainsi, nous ne pouvons même pas parler d’un alignement des planètes le long de l’écliptique. Cependant, le caractère exceptionnel du phénomène est donné par cette concentration des planètes et de la Lune dans une même région du ciel. Il serait ainsi plus approprié de parler de grand confinement des planètes et non de leur grand alignement.
Depuis notre position – en un lieu quelconque sur la Terre – nous aurons l’occasion de voir entre le 14 et le 27 juin un regroupement dans le ciel de 8 objets du Système solaire : la Lune et les 7 autres planètes, toutes rangées du côté ouest du Soleil. Il sera ainsi possible de les apercevoir toutes simultanément juste avant le lever du Soleil. L’observation des planètes les plus brillantes – Vénus, Jupiter, Saturne et Mars – ne présentera aucune difficulté particulière. Il n’en sera pas de même pour les autres planètes, d’éclat plus faible, dont la proximité avec le Soleil exigera l’usage d’une aide optique. Par ordre d’apparition dans le ciel nocturne, nous aurons : Saturne, Neptune, Jupiter, la Lune, Mars, Uranus, Vénus et Mercure, la dernière planète à se lever juste avant le Soleil.
Vues depuis l’espace, les positions des planètes sur leur orbite se regroupent dans un secteur angulaire d’ouverture 104° s’appuyant sur la Terre, comme le montre la figure ci‑dessous.

- Les arcs d’orbite correspondent aux déplacements planétaires sur une durée de 200 jours.
- Les planètes Neptune et Uranus ne sont pas représentées, car elles sont 20 et 30 fois plus éloignées du Soleil que ne l’est la Terre, ce qui rendrait illisible la visualisation. Toutefois, elles se situent bien à l’intérieur de ce secteur angulaire.


Il apparait ainsi clairement qu’il n’y a aucun alignement physique des planètes, quel que soit le point de vue que l’on adopte, mais juste un regroupement angulaire apparent qui n’en demeure pas moins rare.
Ce type de regroupement est très rare. La liste suivante donne les grands regroupements planétaires depuis le début de notre ère avec l’amplitude angulaire sur l’écliptique. Les prochains rapprochements se produiront le 1er décembre 2124, puis le 21 février 2161. Le dernier remonte au 28 janvier 1984. On en dénombre 35 dont l’étalement sur l’écliptique ne dépasse pas 110°, soit en moyenne un tous les 30 ans. Le regroupement le plus serré a eu lieu le 17 juillet 451.
- 17 juillet 451 : 53,757°
- 24 août 1305 : 56,366°
- 24 mai 947 : 58,381°
- 27 décembre 1666 : 61,128°
- 28 janvier 1984 : 68,355°
- 15 décembre 629 : 70,126°
- 11 février 489 : 79,408°
- 22 février 2161 : 82,107°
- 23 juillet 806 : 83,259°
- 20 août 133 : 87,053°
- 6 janvier 807 : 88,244°
- 20 octobre 1164 : 93,212°
- 30 mai 1126 : 94,262°
- 5 janvier 1130 : 94,845°
- 25 mars 670 : 97,795°
- 15 novembre 1302 : 98,107°
- 1 décembre 2124 : 99,738°
- 31 mars 1267 : 99,884°
- 5 décembre 1997 : 100,773°
- 27 septembre 1487 : 101,701°
- 12 janvier 630 : 102,327°
- 9 novembre 947 : 102,577°
- 28 juin 453 : 102,952°
- 30 juillet477 : 103,140°
- 22 juin 2022 : 103,248°
- 24 août 312 : 103,438°
- 27 mars 1843 : 104,470°
- 3 juillet 808 : 105,381°
- 29 décembre 1801 : 105,874°
- 7 mars 489 : 107,030°
- 6 mars 1309 : 107,141°
- 28 septembre 1164 : 107,535°
- 15 octobre 271 : 108,477°
- 3 août 1628 : 109,001°
- 17 août 591 : 109,869°
Cependant, ce n’est qu’une moyenne, car la figure suivante montre de longues périodes d’absence totale de regroupements planétaires sur des périodes de plus de cinquante ans.
