Une nouvelle météorite française tombe dans un jardin !
Dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 septembre dernier à 22 h 13 TU, à peine sept mois après la découverte des météorites normandes, un bolide (gros météore) a traversé et illuminé le ciel du centre de la France.
Capté par dix caméras du réseau FRIPON (fig. 1), de nombreuses personnes ont pu l’admirer et parfois même entendre l’objet passer le mur du son. Plus de 300 signalements ont aussi été reçus sur la plateforme AMS/IMO/Vigie-Ciel.
L’équipe FRIPON/Vigie-Ciel a calculé la trajectoire du bolide (fig. 2) dans sa phase lumineuse, permettant d’obtenir son orbite dans le Système solaire (fig. 3). On voit ainsi que l’aphélie de l’orbite (point le plus éloigné du Soleil) se situe dans la ceinture d’astéroïdes externe proche de Jupiter avec un demi-grand axe de 2,56 au. Plus intéressant, les vitesses initiale faible de 17 km/s et finale de seulement 4 km/s (fig. 4) nous faisaient espérer la possibilité qu’une partie de l’objet initiale ait survécu à sa rentrée atmosphérique. Nos calculs donnaient une masse finale comprise en 300 g et 1 kg. Cette incertitude provient de paramètres que l’on ne connait pas initialement, comme la forme de l’objet et sa densité. Nous avons également calculé une zone de chute qui se situait à une dizaine de kilomètres de l’observatoire de Nançay. Après l’excitation de la détection est venue la déception de constater que la météorite était tombée dans la forêt solognote qui est très dense à cet endroit, nos chances de retrouvaille étaient très faibles. Nous avions donc décidé de ne pas organiser de campagne de recherche sur le terrain, mais seulement d’informer nos relais Vigie-Ciel de science collaborative locaux.
Dans la matinée du mardi 12 septembre, l’équipe a été contactée par des membres d’une structure relais du programme FRIPON/Vigie-Ciel : le Pôle des étoiles de Nançay. Les responsables annoncent avoir été approchés par une habitante de la communauté de communes de Sauldre et Sologne qui pense avoir retrouvé des météorites dans sa propriété, mais voudrait une expertise. Un simple examen des images permet de confirmer que c’est bien une météorite (fig. 5). De plus, la zone de chute se situe à seulement 200 m de notre prédiction !
Des membres de l’équipe FRIPON/Vigie-Ciel (fig. 6) se sont rendus rapidement sur les lieux pour rencontrer l’heureuse découvreuse, expliquer le phénomène et répondre à ses questions. À l’issue de cet échange, un beau fragment de la météorite a été confié au Muséum national d’histoire naturelle pour être analysé.
À peine quatre jours après la chute, le fragment (image en entrée d’article) de la météorite est arrivé dans l’un des spectromètres gamma du Département de physique nucléaire et de biophysique de l’université Comenius (Bratislava, Slovaquie). Certains des noyaux radioactifs comptés par le spectromètre sont instables, il est donc primordial de commencer ces analyses le plus tôt possible après la chute de la météorite. Celles-ci permettent d’en apprendre plus sur la taille de l’objet originel, mais aussi sur sa fragmentation et sa vie dans l’espace (plus d’informations sont disponibles sur le site web FRIPON/Vigie-Ciel).
En savoir plus
- « Bolide du 10 septembre, 00 h 13 » sur le site web FRIPON/Vigie-Ciel.
- « Une nouvelle météorite française ! » sur le site web FRIPON/Vigie-Ciel.
- « Météorite du 10 septembre : 4 jours après la chute, les mesures par spectrométrie gamma sont déjà en cours ! » sur le site web FRIPON/Vigie-Ciel.